Dernière mise à jour à 14h43 le 07/04
L'assassinat de l'ancien président burundais, Cyprien Ntaryamira, sera élucidée par la Commission sur la vérité et la réconciliation (CVR), a indiqué mercredi à Bujumbura Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement.
Selon le mandat lui fixé par l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi (AAPRB) d'ao?t 2000, la CVR est compétente pour investiguer sur des crimes de sang liés aux diverses crises burundaises à partir de jour du recouvrement de l'indépendance reconquise le 1er juillet 1962 jusqu'au 31 décembre 2008, supposée être la fin de la belligérance armée au Burundi.
M. Nzobonariba s'exprimait, dans un point de presse, en marge d'une cérémonie de commémoration du 22ème anniversaire de la mort du président Ntaryamira ; un événement rehaussé par la présence l'actuel président burundais, Pierre Nkurunziza.
Le président Ntaryamira a été tué le 6 avril 1994 à Kigali (Rwanda) avec son homologue rwandais Juvénal Habyalimana, lors d'un crash d'un avion qui les ramenait de Dar Es Salaam (Tanzanie), où les deux président venaient de participer à un sommet régional sur la guerre civile burundaise d'alors.
Le Burundi ne peut accuser qui que ce soit dans cette tragédie qui a co?té la vie au président Ntaryamira, a souligné le porte-parole du gouvernement burundais, moyennant cette précision : "certes, il est connu que l'avion qui transportait l'ancien chef d'Etat burundais, a été abattu, mais on ignore jusqu'à cet instant, à qui profite ce crime".
Pour M. Nzobonariba, si le Burundi avait la technicité et les moyens requis, et si les "hautes" instances de la communauté internationale n'avaient pas banalisé cette mort et si elles avaient mis tout le paquet nécessaire pour appuyer les investigations nécessitées par l'ampleur du crime, on aurait aujourd'hui des éléments pouvant conduire à l'éclatement de la vérité sur les mobiles à l'origine de ce crime "odieux".
Cependant, a-t-il laissé entendre, la mort du président Ntaryamira, fait partie des dossiers de "contentieux de sang", qui seront versés aux travaux de la CVR, dans de découvrir, au bout du processus, "certaines vérités, aujourd'hui cachées".
Il a prévenu cependant que la CVR burundaise n'est pas compétente pour enquêter sur le territoire rwandais où s'est déroulé le crime.
Cependant, a-t-il explicité, le versement du dossier sur l'assassinat du président Ntaryamira aux travaux de la CVR, ne va pas empêcher le processus judiciaire ad hoc de poursuivre son cours normal, dans une perspective d'éclairer davantage l'opinion.
De son c?té, Pierre-Claver Nahimana, membre de la direction politique du Front pour la Démocratie au Burundi (FRODEBU ; formation politique de feu président Ntaryamira), a estimé que l'instabilité politico-sécuritaire récurrente du Burundi depuis les lendemains de l'indépendance à ce jour, ne permet pas encore d'asseoir une sérénité nécessaire sur les assassinats des diverses personnalités charismatiques burundaises, au rang desquelles le président Ntaryamira.
L'établissement de la lumière manque encore sur d'autres assassinats "cruels", a-t-il ajouté, en citant notamment celui ayant co?té la vie à l'ancien Premier ministre et héros de l'indépendance, Louis Rwagasore, tué le 13 octobre 1961, ainsi que le coup d'Etat sanglant du 21 octobre 1993 contre le premier président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye.
M. Nahimana a fait remarquer par ailleurs, que l'actuel climat politique tendu entre Bujumbura et Kigali, ne constitue guère un environnement politique favorable pour la progression des investigations sur l'assassinat du président Ntaryamira.