Dernière mise à jour à 10h12 le 10/09
Près de 6 milliards de francs CFA (12 millions de dollars) d'arriérés de primes seront payés à quelque 1.300 soldats camerounais ayant participé aux opérations de stabilisation de la République centrafricaine (RCA), a annoncé le ministre camerounais de la Communication Issa Tchiroma Bakary après un mouvement d'humeur organisé par ces troupes mercredi à Yaoundé.
De retour au pays il y a environ deux semaines, ces soldats faisaient partie des forces mises à disposition par le Cameroun en 2013 pour la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et ensuite pour le compte de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), opérationnelle depuis un an.
Le co?t de cette mission se chiffre à près de 6 milliards de francs CFA (12 millions de dollars) représentant 8 mois de primes impayées, entre février et septembre 2014, une charge imputée à l'Union africaine (UA), selon le ministre de la Communication dans une déclaration à la presse mercredi soir.
C'était après une marche de protestation où "environ 200 militaires sur près de 1.300 récemment en relève" ont fait monter la tension quelques heures auparavant dans les rues de Yaoundé, un décompte différent de celui des manifestants, sans armes, qui ont de leur c?té déclaré la présence de 960 militaires sur un effectif total de 1.504 envoyés en mission en RCA.
Au siège de l'Assemblée nationale, ils demandaient à être re?us par le chef de cette Chambre basse du Parlement, Djibril Cavaye Yéguié.
"A l'heure où je vous parle, je puis vous donner l'assurance que ce mouvement d'humeur a cessé d'exister", s'est vanté le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, faisait part de "la décision prise par le chef de l'Etat de faire procéder au paiement immédiat et par anticipation sur la régularisation à venir de l'Union africaine des arriérés de primes réclamés".
Il a déploré ce qui appara?t pour lui comme un acte injustifié des manifestants, que le chef d'état-major des armées, le général René Claude Meka, était allé rencontrer en février à Bangui, "afin de les informer des démarches entreprises par le gouvernement camerounais vers la Commission paix et sécurité de l'Union africaine, interlocutrice diplomatique des pays ayant fourni des contingents à la MINUSCA et à qui incombe normalement la charge des primes réclamées".
"C'est à Addis-Abeba où est logée l'Union africaine qu'ils auraient d? aller marcher. Cette manifestation ne s'adresse pas au Cameroun et aux autorités du Cameroun. Ce problème ne nous concerne pas, mais nous subissons", a-t-il souligné.
Mais, il s'est gardé de parler de la prime de relève d'un montant de 112.000 francs CFA (224 dollars) que le gouvernement camerounais devait pour sa part payer à chacun de ces soldats, au moment de leur départ de la RCA.
"Ils ont assez trompé le chef de l'Etat. Vous ne pouvez pas être un père, vous envoyez un enfant à l'école sans cahier. Mais il y a toujours eu les résultats. J'ai une tenue camouflée, je vais en mission sans Rangers", tempêtait l'un des manifestants, rencontré mercredi en mi-journée par Xinhua.
"Moi, je meurs aujourd'hui", a renchéri un autre, brandissant un dossier d'avance de solde, alors que "je reviens d'une mission internationale".
Pour éviter un débordement de la situation, les autorités ont déployé un important dispositif sécuritaire autour du palais de l'Assemblée nationale.
La circulation été par la même occasion fermée sur le Boulevard de la Réunification om est située cette institution, avant d'être rouverte après la fin du mouvement d'humeur annoncée par le ministre de la Communication et que Xinhua a pu constater.
Depuis plus d'une dizaine d'années, notamment au lendemain du coup d'Etat de Fran?ois Bozizé (renversé à son tour par l'alliance rebelle de la Séléka en mars 2013 à Bangui) contre le chef de l'Etat élu Ange-Félix Patassé en 2003, le Cameroun, dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), envoie régulièrement des troupes en vue d'aider à un retour à la paix en RCA.
Cette mobilisation s'est également manifestée sur d'autres théatres de conflits comme le Cambodge, Ha?ti, le Darfour (dans l'Ouest du Soudan) ou encore la C?te d'Ivoire. Ces missions ne se sont pas soldées par un incidentsimilaire à la marche de protestation observée mercredi dans les rues de Yaoundé.