Dernière mise à jour à 10h33 le 24/08
Le Parti africain pour l'indépendance Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), vainqueur des dernières législatives de la Guinée-Bissau avec 57 députés sur 102, a exigé samedi soir, dans un communiqué, la démission du nouveau Premier ministre, Baciro Dja, également troisième vice-président du PAIGC.
Pour le Bureau Politique du PAIGC, la nomination, jeudi, de Baciro Dja par le président de la République José Mario Vaz en remplacement de Domingos Simoes Pereira (limogé le 12 ao?t), "viole la constitution de la République et ignore totalement les statuts du PAIGC" qui stipulent que le président du parti devient PM en cas de victoire.
Selon la Constitution bissau-guinéenne, le parti vainqueur des législatives doit désigner le Premier ministre.
Le PAIGC avait proposé au chef de l'Etat la reconduction du Premier ministre Pereira, qu'il avait limogé suite à des divergences avec lui, mais il avait rejeté cette proposition.
Le PAIGC a appelé en conséquence, indique le communique, à la restauration urgente de la légalité constitutionnelle par l'annulation du décret présidentiel qui nomme Baciro Dja.
D'autre part, le PAIGC a exhorté Baciro Dja à présenter sa démission au poste de Premier ministre et a demandé à son Conseil national de suspendre tous les membres qui ne respectent pas les statuts du parti.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale de la Guinée-Bissau a condamné la nomination de Baciro Dja, à travers un communiqué de son Comité permanent qui considère cette nomination comme "une violation de la Constitution de la République".
Face à cette situation, l'Assemblée nationale se réunira en session extraordinaire le lundi 24 ao?t pour examiner la nomination de Baciro Dja.
Cette nomination est également contestée par l'Alliance nationale, une structure regroupant des organisations de la société civile, des syndicats, des partis politiques de la Guinée-Bissau.
Cette alliance a appelé à la désobéissance civile et à des manifestations jusqu'à ce que le chef de l'Etat reconsidère sa décision.
Pour sa part, le Premier ministre limogé, Domingos Simoes Pereira, a estimé que "la décision du chef de l'Etat place la Guinée-Bissau dans une crise profonde avec des scénarios imprévisibles".
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a appelé mercredi tous les dirigeants politiques en Guinée-Bissau à reprendre le dialogue pour améliorer la gouvernance du pays.
Les membres du conseil ont indiqué que cette crise sérieuse risque de saper les progrès réalisés depuis le rétablissement de l'ordre constitutionnel en Guinée Bissau après les élections de 2014.
De son coté, l'ancienne puissance coloniale, le Portugal, avait déjà averti que l'aide au développement pourrait être suspendue si le pays conna?t de nouvelles instabilités.