Dernière mise à jour à 10h33 le 24/08
La signature jeudi dernier d'un accord politique "global et définitif" entre les acteurs politiques en Guinée, au terme du dialogue inter-guinéen, a annoncé la tenue d'une élection présidentielle équitable et apaisée le 11 octobre.
Sur exigence de l'opposition, le dialogue a été lancé le 18 juin en présence des acteurs politiques (mouvance et opposition), de la société civile et de la communauté internationale, dont la CEDEAO, de l'organisation internationale de la francophonie, des Nations Unies, de la délégation de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la France, conviés en qualité de facilitateurs et d'observateurs.
La concertation était axée autour du fichier électoral, du calendrier des élections communales et locales, de la recomposition des délégations spéciales (élus locaux), de la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI, chargé d'organiser les élections), de la neutralité de l'administration, de la poursuite des auteurs des tueries lors des manifestations et de la libération des militants des partis de l'opposition.
Après plus de 2 mois de dialogues presque ininterrompus, les acteurs politiques ont finalement atteint un consensus sur la plupart des questions qui divisaient et constituaient le coeur de la discorde entre l'opposition et la majorité présidentielle.
Pour assurer la crédibilité du processus électoral en cours et à défaut de reformer la CENI centrale, un comité technique composé de deux experts de la majorité présidentielle, deux experts de l'opposition et de deux experts de la société et piloté par un collège d'experts internationaux, sera mis en place pour veiller sur le fichier électoral.
Quant aux élections communales, elles seront organisées durant le premier semestre de l'année 2016.
L'application des autres points contenus dans l'accord politique "global et définitif" impliquera toutes les parties prenantes dudit dialogue afin q'un suivi régulier soit assuré dans l'intérêt de tous.
A la fin de la cérémonie officielle de signature de l'accord, les acteurs guinéens, toutes tendances confondues, ont exprimé leur satisfaction face à un pas de plus franchis dans l'histoire politique du pays.
Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR, 3ème force politique du pays) a indiqué que l'opposition a obtenu gain de cause avec la recomposition (avant septembre) des 128 communes urbaines et rurales sur la base des dernières élections législatives et avec l'obtention de deux nouveaux commissaires nommés par l'opposition.
"Compte tenu de l'urgence de la tenue de l'élection présidentielle le 11 octobre, il est nécessaire de se mettre d'accord et de travailler principalement sur le fichier pour y parvenir", a déclaré M. Touré.
Pour le ministre guinéen de la Justice et président du cadre de dialogue Seichk Sacko, l'accord politique signé par tous les acteurs est un "accord historique", car la Guinée est un "pays fragile qui a connu des soubresauts".
"Ce travail accompli est un travail pour la Guinée, pour la population guinéenne", a affirmé M. Sacko avant d'ajouter que ce qui est important, c'est la construction d'un Etat de droit, allant au-delà des clivages politiques.
Dr Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de l'ouest, a évoqué le soulagement de la communauté internationale et des partenaires bi et multilatéraux, après la signature de cet accord politique par les acteurs engagés dans le dialogue.
Il a félicité l'esprit de "dépassement et de concession" des acteurs politiques guinéens durant la tenue du dialogue, pour l'intérêt exclusif de la Guinée.
Selon lui, la communauté internationale exhorte les leaders politiques à ?uvrer pour placer la Guinée au rang des pays qui inspirent les autres en matière de tenue d'élections "ouvertes, crédibles, transparentes et apaisées".
Même appréciation du c?té de la mouvance présidentielle avec Saramady Touré, secrétaire permanent du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, parti au pouvoir), qui a salué la détermination et le bon sens des leaders politiques qui se sont impliqués pour parvenir à ce consensus national.
Délégué du président et de la majorité présidentielle au sein du dialogue, M. Touré a, au nom du chef de l'Etat Alpha Condé, réitéré la ferme volonté du gouvernement à tenir compte des conclusions du dialogue pour éviter des frustrations et préserver ainsi la quiétude sociale et la paix dans le pays.
"Les résultats auxquels nous avons abouti renforcent davantage l'image de notre jeune démocratie", a attesté le Dr Saliou Bella Diallo, membre de la majorité présidentielle, qui a précisé que cette signature effectuée par toutes les parties et notamment par l'opposition et la mouvance augure un optimise certain dans la promotion de l'unité en Guinée.
Ce quatrième dialogue politique inter-guinéen constitue le "bout du tunnel" d'une longue consultation sociale et politique entamée depuis la fin des élections législatives en 2013.
Dans un communiqué de l'ambassade des Etats Unis à Conakry, dont Xinhua a eu copie samedi, le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby a déclaré que cet accord politique salué par les USA "ouvre la voie à la Guinée pour tenir le premier tour des élections présidentielles le 11 octobre".
"Le gouvernement américain reste déterminé à soutenir le processus électoral et exhorte les parties à poursuivre le dialogue tout au long de la période électorale ainsi qu'à s'engager eux-mêmes et leurs partisans à la non-violence", conclu John Kirby dans le communiqué.