Dernière mise à jour à 09h24 le 19/10
Après avoir été connecté au réseau arabe, y compris tunisien, le système de navigation spécial chinois, Beidou, ne cesse d'une année à l'autre de prouver son utilité et sa valeur ajoutée technologique et scientifique au profit de l'ensemble des pays arabes, leur fournissant un bouquet de services et une panoplie d'avantages préférentiels via des applications pratiques et rentables dans divers domaines, a commenté Mohamed Ben Amor, secrétaire général de l'Organisation arabe des technologies de l'information et de la communication (AICTO), dans une interview exclusive accordée, vendredi, à Xinhua.
"En partenariat avec le Centre Chinois de Navigation par Satellite (CSNO), l'AICTO est en train de promouvoir le développement et la mise en place de ce genre d'applications dans la région arabe (...) notre r?le en tant qu'organisation régionale est justement de promouvoir, d'informer, de former mais aussi d'?uvrer à l'implémentation des projets pilotes permettant de faire valoir les performances du système non seulement aux gouvernements ou entreprises mais également au grand public qui fera un jour ou l'autre partie des utilisateurs de ce système et de ses applications", a souligné M. Ben Amor.
"Il y a encore du chemin à parcourir, mais on est certain qu'on va y arriver", a-t-il poursuivi.
D'après lui, le système BIEDOU "est un système de navigation spatiale, indépendamment construit et exploité par la Chine, fournissant les services de positionnement de haute précision aux utilisateurs du monde entier : comme vous le savez déjà, la Chine a réussi à lancer en orbite le dernier satellite de son système de navigation BeiDou-3, le 23 juin 2020 pour devenir un système de navigation mondial avec une couverture globale".
Ceci, a-t-il ajouté, "permettra de booster les performances de ce système, qui jusque-là (et en en comparaison avec les autres systèmes qui couvrent la région arabe) sont très pertinentes d'autant plus qu'il va permettre l'implémentation, entre autres, des applications de précision qui utilisent les services offerts par le système Beidou comme par exemple l'agriculture de précision, ou le transport intelligent".
UN PERTINENT "ECOSYSTEME" ET UNE VRAIE OPPORTUNITE POUR LES JEUNES DEVELOPPEURS
"Beidou est tout un écosystème qui va, certes, faire évoluer les choses au niveau des pays arabes (...) Beidou est une vraie opportunité pour les jeunes développeurs et investisseurs de toute la région", a insisté le secrétaire général de l'AICTO, l'une des filiales sous la houlette de la Ligue des états arabes.
Citant l'actuelle conjoncture, M. Ben Amor tient à expliquer que "durant la crise du COVID-19, on a pu constater le r?le majeur joué par les technologies de l'information et de la communication. De même pour les technologies de navigation par satellite, nous prévoyons une large utilisation dans un futur proche du système Beidou, vu le large spectre d'applications qu'il génère autour de lui dans tous les domaines".
Des PME qui utilisent ce système verront le jour, par exemple, dans un futur proche en exploitant des applications sur la base des données Beidou, a-t-il estimé.
Pour le cas tunisien, le système de navigation Beidou a déjà fait ses preuves, confirme notre interlocuteur citant la deuxième édition du forum de coopération sino-arabe Beidou, tenue en Tunisie en avril 2019.
"A cette occasion, a-t-il rappelé, une démonstration en temps réel fut organisée avec le concours d'une grande université à Tunis dans le domaine de l'agriculture de précision: les participants ont pu constater la résolution et la haute précision offerte par le système à travers un tracteur téléguidé et sans chauffeur".
Pour M. Ben Amor, ces performances "ont aussi intéressé les sociétés qui travaillent sur des applications de flotte (gestion et localisation des voitures), d'où le potentiel existe certainement [...] cela dit, un effort supplémentaire est nécessaire pour promouvoir et financer des projets pilotes et, bien entendu, notre avis d'expert sur les outils et démarches requis pour faire adhérer les sociétés en place".
LA COOPERATION SINO-ARABE N'EST PAS UNE OPTION, MAIS PLUTOT UN BESOIN VITAL COMMUN
Le Centre Beidou au niveau de l'AICTO, a rappelé M. Ben Amor, a été installé au début de l'année 2018 et inauguré au mois d'avril 2018. Plusieurs ministres arabes des TIC ainsi que des officiels tunisiens et chinois ont assisté à la cérémonie d'ouverture, tenue dans la capitale, Tunis. Depuis lors, plusieurs actions ont été entreprises où l'intérêt était concentré sur la formation et le développement des compétences dans toute la région: jusqu'à présent, 3 grandes actions de formation ont été menées, dont 2 à Tunis et une autre à Khartoum au Soudan.
"L'ouverture du centre Beidou à Tunis a permis de faire connaitre le système auprès de l'écosystème des TICs en Tunisie ainsi que l'écosystème arabe et régional. A ce jour plusieurs actions de formation présidentielle ont été organisées ", a assuré le secrétaire général de l'AICTO.
Et d'ajouter que, "compte tenu du contexte sanitaire particulier, un webinaire régional a été organisé au courant du mois de juin 2020 permettant de sensibiliser les différentes parties prenantes. En outre, les pays arabes ont bénéficié de bourses d'étude sur les technologies spatiales en Chine pour suivre des Masters spécialisés.
"Mieux encore, le Centre est aussi en train d'échanger avec les universités de la place pour mettre en place des projets de recherche et de développement".
Pour en conclure, "la coopération sino-arabe n'est pas une option, mais plut?t un besoin vital commun: les pays arabes ont besoin d'un partenaire technologique crédible et coopératif, et, la Chine a besoin de s'étendre encore plus sur des nouveaux marchés et segments. Il s'agit donc d'un modèle de coopération gagnant-gagnant".
"Au niveau du système Beidou, nous pensons qu'il reste encore du chemin à parcourir pour arriver à faire reconnaitre Beidou comme un système de référence au niveau de la navigation spatiale à l'échelle mondiale. Nous sommes prêts à aider et assister pour une collaboration plus fructueuse. En ce qui concerne la coopération avec la Tunisie, nous pensons que c'est une vraie piste à développer notamment pour approcher le marché africain, admettant que la Tunisie est depuis longtemps le modèle et la vitrine pour accéder au continent africain".