Dernière mise à jour à 16h16 le 27/05
Des scientifiques chinois ont lancé le 23 mai matin un aérostat géant, un ballon captif à l'hélium, appelé Jimu-1, afin d'observer la vapeur d'eau atmosphérique à une altitude record de 7 003 mètres dans la région de Nam Co, sur le plateau Qinghai-Tibet.
Contrairement à un dirigeable, qui est m? par un moteur et peut être piloté dans les airs, le Jimu-1 est essentiellement un ballon surdimensionné de 2 300 mètres cubes. Il est fabriqué dans un tissu composite capable de résister à des températures aussi basses que -70° C. C'est la première fois qu'un aérostat de sa classe et de son poids fonctionne à une telle altitude.
Selon l'Institut de recherche sur l'information aérospatiale de l'Académie chinoise des sciences, fabricant et exploitant du ballon, le Jimu-1 est le premier des trois aérostats de fabrication chinoise qui sera chargé de collecter des données atmosphériques plus précises pouvant être utilisées pour étudier le changement climatique et le développement durable dans la région.
Le Jimu-2, qui devrait être achevé l'année prochaine, fonctionnera à une altitude d'environ 7 000 à 7 500 mètres, a annoncé Li Zhaojie, directeur du centre de recherche et développement de l'académie.
Le Jimu-3, qui devrait être terminé en 2021, sera un ? modèle ultramoderne ? qui atteindra une altitude supérieure à celle du mont Qomolangma, plus connu sous le nom d'Everest, à plus de 8 848 mètres, a-t-il déclaré. Cet exploit monumental, a-t-il dit, repoussera les limites de l'ingénierie compte tenu de ses difficultés techniques et de sa valeur scientifique.
Gao Jing, professeur à l'Institut de recherche sur le plateau tibétain, a précisé que les instruments au sol sont généralement utilisés pour observer des données atmosphériques telles que la vapeur d'eau, le méthane et la poussière, mais qu'ils sont trop éloignés pour examiner le transport d'humidité et les changements environnementaux à haute altitude, ainsi que leur impact sur les activités humaines.
? Mais avec Jimu, nous pouvons transporter toutes sortes d'instruments à différentes hauteurs et collecter des données directement ?, a-t-elle déclaré. ? Cela donne aux scientifiques une toute nouvelle vision des processus de transport de l'humidité atmosphérique et du changement climatique régional ?.
La taille et la conception de l'aérostat lui permettent de supporter une charge utile plus lourde et d'avoir une plus grande résistance aux éléments qu'un ballon météorologique typique, a ajouté M. Li. ? Cette résistance est essentielle pour l'application du ballon, car les conditions météorologiques et l'environnement électromagnétique sur le plateau peuvent être très difficiles et complexes ?.
Le plateau Qinghai-Tibet est surnommé le ? troisième p?le ?. C'est la source de nombreux cours d'eau asiatiques majeurs, notamment le fleuve Yangtsé, le fleuve Jaune, l'Indus et le Mékong, ainsi que l'habitat naturel d'animaux rares, en particulier les antilopes tibétaines, les yaks sauvages et les grues à cou noir.
Cependant, les effets du changement climatique menacent le fragile écosystème du plateau, ce qui peut avoir un impact profond sur la région et le monde. ? Cette surveillance nous permettra de mieux comprendre le cycle de l'eau et son influence sur l'écosystème ?, a noté M. Gao.