Dernière mise à jour à 08h27 le 13/03
Avec la reprise de la navigation sur la rivière Wu, après une suspension de 13 ans, la province enclavée du Guizhou (sud-ouest), située dans les montagnes du sud-ouest de la Chine, a été reliée au fleuve Yangtsé, grace à la rivière Wu, son plus gros affluent.
Des produits et articles de base, qui dépendaient dans le passé des chemins de fer et des routes, sont transportés aujourd'hui par bateau vers Chongqing pour être distribués ailleurs en Chine et à l'étranger.
Grace à des co?ts d'expédition inférieurs, des usines ont commencé à s'installer le long de la rivière Wu et des parcs industriels ont été créés. La construction navale est également en croissance, avec seulement quelques bateaux de transport de fret locaux.
"La voie navigable a revigoré l'économie locale et permet au Guizhou d'exploiter au maximum la ceinture économique du fleuve Yangtsé", a déclaré Han Jianbo, directeur adjoint du bureau des transports du Guizhou.
UNE REGION QUI N'EST PLUS ENCLAVEE
Parmi les neuf provinces et deux municipalités situées sur la ceinture économique, le Guizhou est la seule région qui ne se trouve actuellement pas au bord du Yangsté. Depuis novembre, date à laquelle la navigation a repris sur la rivière Wu, le Guizhou s'est intégré lui-même à la ceinture économique qui couvre 20% du territoire chinois et contribue à plus de 40% de la croissance économique.
En 2008, la province a commencé à investir considérablement dans le canal de navigation de la rivière Wu, draguant 430 kilomètres de voie navigable et construisant des places de mouillage, des infrastructures de navigation et de grands ascenseurs pour bateau capables de soulever des navires à 200 mètres de haut.
La navigation a été suspendue en 2003 lorsque la centrale hydroélectrique Goupitan a été ouverte et que l'écart du niveau de l'eau a augmenté. A présent, l'acheminement de l'eau a repris et le volume de fret annuel devrait atteindre 15 millions de tonnes en trois ans et 100 millions de tonnes d'ici 2030.
Le gouverneur Sun Zhigang est convaincu que la province est bien sur le chemin d'un développement économique sans précédent. L'année dernière, comme le Guizhou est devenu un pilote pour l'ouverture des provinces de l'arrière-pays pour réduire la pauvreté et développer de nouvelles industries, l'économie locale a augmenté de 10,5%, soit la deuxième plus élevée du pays.
Toutes les provinces les moins développées le long du Yangtsé ont vu leurs économies augmenter plus rapidement que la moyenne nationale en 2016, le Jiangxi affichant une croissance de 9%, le Yunnan et l'Anhui tous deux de 8,7%, le Hubei de 8,1% et le Hunan de 7,9%.
Lin Qidong, du Bureau des transports de Chongqing, a estimé que les nouvelles infrastructures le long du Yangtsé représentaient déjà un puissant essor pour le développement des provinces de l'arrière-pays, et qu'un grand potentiel demeurait.
L'INTEGRATION APPORTE L'EXPANSION
Guoyuan, un port disposant de 16 places de mouillage et connecté au chemin de fer à Chongqing, a expédié 12 millions de tonnes de fret l'année dernière, mais peut traiter jusqu'à 30 millions de tonnes. Chaque jour, les marchandises expédiées depuis le Guangxi, le Guizhou, le Jiangsu, le Shaanxi, le Sichuan et le Yunnan arrivent pour être transférées dans des wagons, souvent destinés à l'Europe du Nord, après 16 jours de transport.
D'ici 2020, quatre nouveaux ports rail-eau-route et neuf ports spécialisés seront construits à Chongqing, et la capacité totale de traitement de marchandises de Chongqing devrait atteindre 220 millions de tonnes.
"Avec ces nouveaux ports, l'influence du Yangtsé sur l'économie augmentera de manière substantielle", a affirmé M. Lin.
Le Yangtsé est le fleuve le plus fréquenté du monde. Plus de 2,3 milliards de tonnes de marchandises ont transité par les ports de la voie principale l'année dernière, en hausse de 6%. Ceci comprend 330 millions de tonnes d'exportations et environ 15 millions de conteneurs.
Même le port de Nanjing, construite il y a presque 40 ans, a montré un nouveau dynamisme. Depuis que son canal a été approfondi à 12,5 mètres, la capacité du port a dépassé les 100 millions de tonnes.
Shi Fei, directeur chargé du développement du Groupe du port de Nanjing, a déclaré que le canal plus profond avait fait de Nanjing un port international capable d'accueillir des navires allant jusqu'à 80.000 tonnes.
"Quand j'ai été dipl?mé de l'université et que j'ai rejoint le port de Nanjing en 1981, je ne me serai jamais attendu que le port devienne un jour un port de classe mondiale", a reconnu M. Shi. "Environ 90% des navires du monde peuvent actuellement jeter l'ancre à Nanjing."
La voie navigable depuis l'estuaire du Yangtsé à Nanjing n'atteignait que 7 mètres en 1998. La profondeur du canal à Jiangsu a été augmentée progressivement, d'abord à 8,5 mètres et puis à 10,5 mètres, permettant aux vraquiers et aux pétroliers de naviguer dessus.
En vue de tirer le meilleur parti possible de la voie navigable, le ministère des Transports encourage la standardisation des bateaux et le développement des bateaux plus grands.
UN FLEUVE PLUS PROPRE ATTIRE PLUS DE TOURISTES
Wu Song, un habitant de la ville de Yichang située sur le cours moyen du Yangtsé, gère le site www.yangtze.com et aide les touristes étrangers à réserver des croisières.
Il a été le témoin de certains grands changements depuis la formation de la ceinture économique : les usines polluantes ont été fermées et le contr?le de la qualité de l'eau est maintenant plus strict.
"Les étrangers viennent ici non seulement pour voir la rivière, mais aussi pour admirer la culture chinoise et la vie du peuple chinois. Un meilleur environnement bénéficie non seulement aux habitants locaux, mais attire aussi plus de visiteurs", a-t-il observé.
"Je n'ai jamais considéré Yichang comme une petite ville. Yichang est une ville très ouverte au monde. Sans le fleuve, je ne rencontrerai jamais autant de personnes venant des quatre coins du monde", a précisé M. Wu.
Comme les avantages des provinces le long du Yangtsé augmentent, les personnes choisissent de quitter les villes c?tières de l'est et retournent dans leur pays natal.
Wang Ting, un soudeur, a travaillé à Shanghai pendant sept ans. Il est revenu pour s'installer dans son pays natal, à Wuhan, et gagne plus d'argent en étant employé dans une usine de composants automobiles.
Interrogé sur son attente concernant le futur du Yangtsé, M. Wu a rappelé un livre écrit par un missionnaire étranger il y a un siècle. A cette époque, on pouvait souvent voir des marsouins aptères. Aujourd'hui ils ont tous disparu.
"J'espère que les personnes donneront toujours la priorité à l'environnement plut?t qu'au développement économique, et que les marsouins aptères reviendront et seront de plus en plus nombreux", a poursuivi M. Wu.