La découverte d'un spectaculaire crane fossilisé d'un ancien ancêtre de l'homme mort il y a près de deux millions d'années sur un site de Dmanissi, une petite ville située dans le sud de la Géorgie, a amené des scientifiques à repenser l'histoire de l'évolution humaine précoce.
Au même endroit, les outils de pierre simples et les animaux disparus depuis longtemps qui y ont été trouvés ont été datés d'1,8 million d'années. Les experts estiment que ce crane est l'un des fossiles les plus importants découverts à ce jour, mais cette découverte s'est avérée aussi controversée qu'incroyable. L'analyse du crane et d'autres vestiges de Dmanissi laisse en effet à penser que les scientifiques sont peut-etre allé trop vite en nommant des espèces distinctes d'ancêtres de l'homme en Afrique. Beaucoup de ces espèces pourraient désormais disparaitre des manuels scolaires.
Le fossile en question est le seul crane intact jamais découvert d'un ancêtre de l'homme –l'Homo- qui a vécu au début du Pléistocène il ya environ 2,4 millions d' années- lorsque nos prédécesseurs ont commencé a quitter l'Afrique. Le crane s'ajoute à une grande quantité d'os récupérés à Dmanissi, qui appartenaient à cinq personnes, probablement un homme agé, deux autres hommes adultes, une jeune femme et un jeune de sexe inconnu, apparemment décédés sur une période de plusieurs centaines d'années.
Jusqu'à présent, les membres les plus anciens du genre Homo qui vivaient il y a un peu plus de 2 millions d'années étaient séparés en plusieurs espèces distinctes en fonction de subtiles différences morphologiques découvertes entre les différents fossiles retrouvés, qui avaient conduit les paléoanthropologues à penser que toutes ces espèces étaient bien distinctes. Un article publié le 18 octobre dans la Revue Science remet en cause cette théorie : selon une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le Muséum National de Géorgie à Tbilissi, il n'y a plus lieu de faire ces distinctions car tous ces hominidés feraient en fait partie d'une seule et même espèce, l'Homo erectus. Mais cette nouvelle théorie ne fait pas l'unanimité. Bernard Wood, paléobiologiste et professeur à l'Université George Washington, s'est ainsi dit "très sceptique" sur les conclusions de l'analyse du crane de Dmanissi. Il pense qu'il est certes très probable que les cranes trouvés en Georgie appartiennent à une seule et même espèce d'hominidés, mais qu'en revanche il est peut-être encore trop t?t pour rejeter les classifications actuelles des espèces d'hominidés.