Les deux attaques terroristes à la voiture-bélier, qui ont fait 13 morts et des centaines de blessés jeudi dernier à Barcelone et Cambrils en Espagne, ont pu se produire "parce que tous les pays européens ont un retard considérable dans la sécurisation des espaces publics", déclare à Xinhua Mathieu Guidère, professeur à l'université Paris 8, spécialiste du terrorisme et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.

Selon lui, les deux attaques survenues en Espagne sont caractéristiques du "terrorisme mimétique d'imitation". "Depuis les attentats de Nice en 2016, beaucoup d'individus en Europe, sans être liés à des organisations terroristes telles que l'Etat islamique (EI) ou Al-Qa?da, se sont lancés dans des actions de copy-cat (imitation)", explique l'islamologue.

L'objectif des auteurs de ce type d'attaque est la recherche d'un maximum de médiatisation : "N'importe quel djihadiste se trouvant au fin fond de la Syrie aura entendu parler de Barcelone", indique-t-il.

Il ne s'agit pas d'actes terroristes visant à venger l'implication d'un pays dans la lutte contre le terrorisme, comme ce fut le cas par le passé : "L'Espagne contribue à moins de 1% à la coalition internationale de lutte contre le terrorisme islamiste, c'est un acteur très marginal", rappelle Mathieu Guidère.

Pour le spécialiste fran?ais, la solution réside essentiellement dans l'amélioration de la "défense passive" des zones urbaines, où se mêlent piétons et véhicules comme c'est le cas dans la plupart des villes européennes : "Ce type de terrorisme urbain qui vise des civils, est très facile à arrêter. Avec la sécurisation des espaces publics, il n'y aurait plus ce terrorisme", assure-t-il.

"Il faut que les maires des grandes villes européennes repensent les espaces publics : à chaque fois qu'il y a un trottoir sur lequel peut monter une voiture, une place publique piétonne autour de laquelle circulent des véhicules, il faut mettre des plots en béton armé ou en acier", estime M. Guidère.

Les individus qui commettent ces actes sont "indétectables" selon lui, "tout le monde peut potentiellement prendre une voiture et foncer sur des piétons", note le chercheur, précisant que toute nouvelle législation est donc "inutile".