Pour sa première cérémonie officielle en tant que président élu, Emmanuel Macron a assisté, lundi à Paris, aux commémorations du 72e anniversaire de la capitulation allemande du 8 mai 1945 aux c?tés du président sortant, Fran?ois Hollande.

Le président en exercice a d'abord inauguré seul les commémorations en déposant une première gerbe bleu-blanc-rouge en forme de croix de Lorraine devant la statue du général de Gaulle, au bas des Champs-Elysées. Il a ensuite remonté la célèbre avenue, escorté par les motards et les cavaliers de la Garde républicaine.

Arrivé avec quelques minutes d'avance place de l'Etoile, le fondateur d'En Marche!, qui a battu dimanche à 66,1% des voix la candidate du Front national Marine Le Pen (33,9%) lors d'un scrutin marqué par une abstention de 25,44%, a été accueilli par plusieurs personnalités, dont l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui l'a félicité lors d'une longue poignée de mains.

Le président sortant est venu chercher son successeur dans les tribunes de la place de l'Etoile, le saluant d'une chaleureuse accolade. Fran?ois Hollande et Emmanuel Macron ont ensuite déposé ensemble la traditionnelle gerbe des cérémonies du 8 mai sur la tombe du Soldat inconnu, située sous l'Arc de Triomphe.

Pour l'une de ses dernières sorties officielles, Fran?ois Hollande a fait preuve d'une bienveillance remarquée à l'égard de son successeur. Après le lancement du mouvement En Marche! en avril 2016, la démission de son ministre de l'Economie, puis l'annonce de sa candidature à la course à l'Elysée, avant que Fran?ois Hollande déclare qu'il ne se présentait pas à sa succession, avait été qualifiée de "trahison" par l'entourage du président sortant.

L'accolade chaleureuse entre le président sortant et son ancien ministre fait donc figure de symbole fort et restera comme une image marquante de cette cérémonie de commémoration du 8 mai 1945.

Les deux hommes, visiblement émus, ont ensuite écouté c?te à c?te la Marseillaise, puis le Chant des partisans, entonnés par le choeur de l'armée fran?aise. Ils ont tous les deux signé le livre d'or, salué les anciens combattants et les "gardiens de la flamme", qui la ravivent chaque soir à 18h30 précises sur la tombe du Soldat inconnu.

Devant la presse, Fran?ois Hollande a ensuite livré ses conseils à Emmanuel Macron. "Les Fran?ais, il faut les chercher. Quelquefois ils peuvent être divisés, il faut les réunir. Il faut les protéger. La première chose à accomplir, c'est de penser aux Fran?ais", a-t-il déclaré.

Interrogé sur son ressenti en cette journée particulière, le chef de l'Etat a répondu: "De l'émotion. Comment ne pas en avoir? Comment ne pas se souvenir de ma place il y a cinq ans? Beaucoup d'émotion aussi, je le dis très sincèrement, de donner à Emmanuel Macron la marche à suivre".

"C'est vrai qu'il m'a suivi tout au long de ces dernières années quand j'étais moi-même candidat puis président. Après il s'est émancipé, il a voulu présenter un projet aux Fran?ais. Il s'est présenté devant eux, il a été élu. C'est à lui maintenant, fort de l'expérience qu'il a pu acquérir auprès de moi, fort aussi de ce que nous avons fait ensemble, de continuer sa marche", a dit Fran?ois Hollande.

"Je serai toujours à c?té de lui", a-t-il ajouté avant d'annoncer que la passation de pouvoir aurait lieu dimanche 14 mai. "Lundi, je serai un citoyen de France et je serai attentif à la situation de mon pays, je serai prêt à toutes les sollicitations qui me seront faites pour être utile", a-t-il précisé.

Le 8 mai 2012, Fran?ois Hollande, alors fra?chement élu, avait déposé cette gerbe traditionnelle aux c?tés de Nicolas Sarkozy, alors président sortant. Cette tradition remonte au 8 mai 1995, lorsque le président sortant Fran?ois Mitterrand a convié son successeur Jacques Chirac à participer à la cérémonie de commémoration.

L'acte de capitulation des armées de terre, de mer et de l'air du IIIe Reich a été signé le 7 mai 1945 à Reims, dans la Marne (nord-est), au quartier général des forces alliées. Mais l'histoire a retenu la date du 8 mai 1945, car la capitulation du IIIe Reich a été signée une seconde fois à Berlin au cours d'une cérémonie solennelle.

C'est en 1953 que le 8 mai est devenu un jour férié commémorant la victoire de 1945. Cette commémoration a été supprimée en 1975 par le chef de l'Etat, Valéry Giscard d'Estaing, pour renforcer symboliquement la réconciliation franco-allemande. Le 8 mai est redevenu une journée de commémoration nationale par la loi du 23 septembre 1981.