Dernière mise à jour à 11h16 le 19/03
Alors que La Havane s'est faite belle pour accueillir le président américain Barack Obama de dimanche à mardi, les Cubains ordinaires se demandent si ce déplacement historique leur apportera réellement des changements.
Il s'agit d'une première visite d'un chef d'Etat américain depuis près de 90 ans, ce qui pourrait marquer le début d'une ère nouvelle potentiellement plus prospère pour le pays cara?be.
Pourtant, étant donné l'histoire conflictuelle entre les deux pays et l'ancienne domination américaine sur l'ensemble du continent et notamment Cuba, les Cubains voient en la visite de M. Obama le signe d'un dégel des relations bilatérales et font preuve d'un optimisme prudent.
"La visite de M. Obama peut aider à ouvrir la porte à de nouveaux accords de coopération entre les deux gouvernements et mettre fin une fois pour toutes aux 50 ans d'hostilité de Washington à l'égard de notre pays", confie à Xinhua Raul Pelallo, ouvrier dans une usine locale.
Les relations entre les deux pays se sont détériorées après la Révolution cubaine en 1959 et la nationalisation subséquente des entreprises privées par le gouvernement, dont la plupart étaient la propriété des Américains.
Washington a ensuite imposé un embargo commercial sur Cuba en 1962, qui s'est intensifié au cours du demi-siècle écoulé, afin de semer le trouble dans le pays et pousser le peuple à renverser son gouvernement.
En décembre 2014, M. Obama et son homologue cubain Raul Castro ont annoncé leur intention de rétablir des relations diplomatiques.
En justifiant cette décision devant ses compatriotes et une communauté internationale ébahis, M. Obama a reconnu qu'une "politique sans succès" vis-à-vis de Cuba n'avait servi jusqu'ici qu'à renforcer le régime castriste et à faire de Washington une espèce de tyran international qui tourmenterait inlassablement de petits pays pour le plaisir.
Cette annonce a été universellement saluée par Cuba et la communauté internationale, mais elle ne va pas suffisamment loin, estiment les autorités cubaines.
"La majorité des Cubains pensent que durant sa visite, M. Obama devrait s'engager à lever l'embargo avant l'expiration de son mandat. Il a l'obligation morale de le faire", pense Vladimir Ferrer, un professeur d'université.
Mais cette décision en revient au Congrès américain, a noté M. Obama, bien qu'il souhaite que sa visite puisse accélérer la réconciliation diplomatique dans une grande mesure afin que les relations bilatérales continuent de se normaliser même après son départ de la Maison Blanche en janvier prochain.
Aux yeux de certains Cubains, la nouvelle politique de Washington ne représente pas un changement suffisamment grand pour effacer le fait que les Etats-Unis voient dans le système socialiste cubain une menace à leur mode de vie.
"Nous accueillerons le président Obama avec respect. Mais il ne faut pas être trop optimiste quant aux investissements américains dans notre pays, car si c'est le cas, nous serons une fois encore dominés par eux", avertit Alfredo Aroche, un militaire à la retraite.
Le président Obama effectuera une visite à Cuba entre dimanche et mardi, pendant laquelle il devrait visiter le centre historique de la capitale et la cathédrale, assister à une réunion d'hommes d'affaires sur la coopération potentielle entre les deux pays et prononcer un discours au Grand théatre Alicia Alonso de La Havane.