Dernière mise à jour à 08h24 le 04/02
La visite officielle de Raul Castro, une première pour un président cubain en France et en Europe, s'est terminée mardi par la signature d'une douzaine d'accords entre les deux pays, dans les domaines du tourisme, des transports, de l'énergie...Mais au-delà de son aspect économique, cette visite du président cubain en France, est aussi stratégique, selon plusieurs spécialistes de l'Amérique Latine. Dans une interview accordée à Xinhua, Janette Habel, politologue et enseignante à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine à Paris III, a souligné : "normaliser les relations avec Cuba, c'est un moyen pour la France de faciliter les relations avec les autres gouvernements latino-américains, notamment ceux qui sont plus à gauche comme le Venezuela, la Bolivie, l'Equateur et même le Brésil".
Les autorités fran?aises et cubaines ont procédé à la signature d'une douzaine d'accords dans différents domaines lundi, première journée de la visite officielle de Raul Castro en France. Ces accords qui concernent entre autres, les secteurs du tourisme, des transports, de l'énergie, ont été précédés par celui relatif à l'annulation de la dette cubaine.
Cuba devait une dette de 11,9 milliards de dollars à ses créanciers (n'inclut pas les Etats-Unis ni la Russie) membres du Club de Paris, dont quatre milliards de dollars de créances fran?aises selon la présidence fran?aise.
"La coopération dans tous les domaines a été possible par un accord qui s'est conclu le 12 décembre 2015 et qui a permis de lever ce qui été un fardeau pour Cuba c'est-à-dire, sa dette", a indiqué Fran?ois Hollande lors d'une déclaration commune à la presse.
Cette annulation de dette qui a été officialisée lors de la visite de Raul Castro, va diligenter le retour de Cuba dans les institutions financières et le rapprochera de l'Union européenne selon les spécialistes.
"Cet effacement de la dette va faciliter le retour de Cuba dans les institutions multilatérales financières. C'est donc un joli coup diplomatique de participer aux négociations pour effacer une partie de la dette", a expliqué sur LCI, Olivier Dabène, professeur à Science Po et président de l'observatoire politique de l'Amérique Latine et Cara?be.
Pour Jean Christophe Rampal, journaliste spécialiste de l'Amérique Latine, la visite de Raul Castro en France va surtout l'aider à rétablir les relations avec l'UE, en plus des investissements qu'il est venu chercher pour avancer l'économie cubaine.
"Raul Castro cherche un appui pour se rapprocher de l'UE et cette visite peut être un coup politique qui peut l'aider à le faire", a indiqué M. Rampal sur France 5.
Une visite qui ouvre une nouvelle page de l'histoire entre la France et Cuba mais aussi entre l'Europe et Cuba, a déclaré Fran?ois Hollande qui a d'ailleurs promis d'intervenir au sein de l'UE pour lever "les derniers obstacles" afin de permettre à Cuba de jouer pleinement son r?le.
"La France attend de tout cela un retour d'ascenseur (des contrats). Même s'il ne faudrait pas s'attendre à des montants importants. Car Cuba est un pays pauvre avec peu de capacité pour acheter des airbus ou des bateaux", analyse Olivier Dabène.
L'Ambassadeur de Cuba en France, Hector Igarza Cabrera qui a expliqué sur les ondes de RFI, les raisons de la visite du président Castro, annonce également de probables retombés pour la France et l'UE.
"Cuba a décidé de diversifier ses relations. Avant la révolution on n'avait que les Etats-Unis comme partenaire, puis pendant quelques temps on a eu l'Union soviétique. Depuis quelques années on a décidé qu'on ne va plus mettre tous les oeufs dans un seul panier. La France est un des pays les plus importants de l'UE donc cette visite aura des retombées au niveau de l'UE", a dit M. Igarza Cabrera.
Au plan géopolitique, l'enjeu stratégique pour la France est de pouvoir rétablir les relations avec le reste des pays de l'Amérique Latine. Car le fait de renouer les relations avec Cuba aide la France vis-à-vis du reste de l'Amérique Latine, a expliqué Olivier Dabène.