Le Premier ministre britannique David Cameron mène une campagne de dernière minute pour le "non" à l'indépendance de l'Ecosse à un moment où les sondages montrent que le "oui" et le "non" sont au coude-à-coude.
Dans un article publié mardi sur le site du quotidien The Daily Mail, M. Cameron a averti l'électorat des risques associés à l'indépendance de l'Ecosse, qu'il qualifie de "saut dans l'inconnu".
"Le Royaume-Uni est un pays précieux et spécial. C'est cela qui est en jeu. Alors il faut que personne en Ecosse n'ait le moindre doute à ce sujet : nous voulons désespérément que vous restiez, nous ne voulons pas que cette famille de nations soit écartelée", a imploré le Premier ministre.
"Si le Royaume-Uni éclate, il éclate pour toujours. Le choix est donc clair pour vous : un saut dans l'inconnu en votant 'oui', ou un avenir plus radieux pour l'Ecosse en votant 'non'", a-t-il poursuivi.
L'article a été publié en amont de la visite en Ecosse de M. Cameron ce mercredi, où il sera rejoint par le leader du parti Travailliste Ed Miliband et le Premier ministre adjoint Nick Clegg, leader du parti Libéral démocrate, pour faire campagne pour la Better Together Union (Union mieux ensemble).
Les trois hommes manqueront donc le rendez-vous hebdomadaire des Questions au Premier ministre (qui a lieu tous les mercredis). Les derniers sondages indiquent que les électeurs écossais pourraient voter pour l'indépendance de l'Ecosse lors du referendum du 18 septembre.
En octobre 2012, M. Cameron et le Premier ministre écossais Alex Salmond ont signé l'Accord d'Edimbourg qui autorise l'Ecosse à mener un referendum sur son indépendance à l'automne 2014.
Dans un sondage YouGov Plc publié dimanche dans les pages du Sunday Times, le "oui" l'a emporté sur le "non" pour la première fois (à 51% contre 49%).
Mardi matin, un sondage TNS mettaient le "oui" et le "non" sur un pied d'égalité à 41%, alors que le "oui" n'était qu'à 38% le mois dernier et le "non" à 46%.
M. Cameron a indiqué que les trois leaders présenteraient chacun leurs propres arguments pour expliquer pourquoi il serait préférable de préserver le statu quo, tout en réaffirmant que "c'est une décision qui revient à l'Ecosse, mais nous voulons que vous restiez".
M. Salmond a admis pour sa part que les sondages récents ont fait s'effondrer la campagne contre l'indépendance de l'Ecosse : ces sondages, qui ont semé la panique dans le camp du "non", indiquent que l'indépendance de l'Ecosse est la voie privilégiée par la plupart des électeurs.
Alors que le referendum pour décider du sort d'une union vieille de 307 ans approche à grands pas, le doute subsiste au sujet de l'avenir de l'Ecosse et du reste du Royaume-Uni.
Si le "oui" l'emporte, la Grande-Bretagne et l'Ecosse auraient 18 mois de pourparlers pour déterminer divers points, parmi lesquelles figurent la devise qui serait utilisée en Ecosse, le statut d'une Ecosse indépendante au sein de l'Union européenne, ou encore la fa?on de répartir la dette publique britannique et les revenus pétroliers en mer du Nord.
Le plus délicat est la question de la devise qui sera employée en Ecosse, car cela pourrait avoir un impact négatif sur l'économie britannique. Les leaders du mouvement pour l'indépendance affirment que la livre Sterling continuerait d'être employée, mais les politiciens londoniens ont écarté cette idée.
Ces 18 mois de pourparlers pourraient affecter la valeur de la livre sterling, et les investisseurs étrangers en Grande-Bretagne pourraient choisir de repousser leurs décisions importantes (comme ouvrir une usine ou embaucher des employés) jusqu'à ce qu'ils puissent mieux évaluer les risques et les co?ts associés.
La banque d'investissements Goldman Sachs a averti la semaine dernière que si le "oui" l'emportait, les conséquences pour les économies écossaise et britannique pourraient être désastreuses, un pronostic qui semble réaliste si l'on observe la valeur actuelle de la livre sterling à l'heure où l'indépendance de l'Ecosse semble en bonne voie de se concrétiser : la devise britannique a atteint son plus faible taux de change par rapport au dollar américain (1,6065$) depuis novembre dernier.