Dernière mise à jour à 10h34 le 26/03
Des économistes et hommes d'affaires d'Asie et du monde entier présents au Forum Boao pour l'Asie (FBA) confient s'intéresser avant tout aux efforts et aux progrès réalisés par la Chine en matière de réformes structurelles, qu'ils jugent plus importants que le taux de croissance.
"Les gens parlent trop du taux de croissance. Pour moi, même un taux de 6% n'est pas si mauvais que ?a", confie Fred Hu, président de Primavera Capital et ancien haut responsable de la banque d'investissement Goldman Sachs, à l'occasion de ce forum économique organisé dans la province insulaire du Hainan (sud de la Chine).
La Chine a connu une croissance de 6,9% en 2015, loin des taux impressionnants de ces dernières années, mais toujours bien au delà de la moyenne mondiale de ces dernières années qui était inférieure à 3%. Le gouvernement chinois a récemment fixé une fourchette de 6,5 à 7% pour 2016.
"Le plus important, ce sont les efforts faits pour appliquer ces réformes structurelles, qui passent notamment par la réforme des entreprises d'Etat, la promotion de l'entrepreneuriat et l'innovation de masse ou encore la réduction des monopoles", résume M. Hu.
Et de rappeler que le ratio dette publique/PIB de la Chine, un indicateur clé des risques à court terme, ne suscite pas d'inquiétudes concernant le taux de croissance, même si la dette du secteur privé est bien plus élevée.
Les indices du secteur bancaire ne provoquent pas non plus de craintes d'un risque systémique, renchérit David He, partenaire et directeur général du cabinet conseil Boston Consulting Group.
Plus de 2.000 participants originaires de plus de 60 pays sont réunis depuis mardi au Forum de Boao qui prend fin ce vendredi. De nombreuses discussions sur divers sujets, essentiellement sur l'état de l'économie en Asie et dans le monde, ont été au menu de ce rendez-vous.
La plupart des experts présents pensent que la Chine dispose de suffisamment de marge de manoeuvre tant monétaire que fiscale pour garantir que cette croissance reste orientée dans la bonne direction. L'économie chinoise est toujours "en bon état", assure Leo Melamed, le gourou des marchés à terme.
La taille croissante de l'économie chinoise signifie une production économique bien plus grande que celle observée lors de la phase de croissance rapide des dernières années.
Les importantes créations d'emplois sont par exemple citées comme un facteur clé qui vient souligner la résilience de l'économie chinoise. Les statistiques montrent que 13,12 millions d'emplois ont été créés en 2015, soit mieux que prévu. La cible officielle pour cette année est 10 millions.
"Il n'y aura pas de problèmes majeurs avec l'emploi", estime M. He. "La Chine a la taille pour atteindre cet objectif, éliminant ainsi un facteur pouvant risquer d'affecter la stabilité sociale".
Les économistes interrogés jugent crucial de poursuivre la transition entamée d'une économie axée sur l'investissement et les exportations vers une économie tournée vers la consommation et les services. Les dirigeants chinois ont assuré qu'ils feraient face aux défis et présenté plusieurs pistes à suivre. De nombreuses réformes ont déjà été lancées.
"C'est la prochaine grande étape qui attend la Chine. Ca va être assez difficile, mais je pense que la Chine est capable de le faire", pronostique M. Melamed.
Bernard Yeung, doyen de l'Ecole de commerce de l'Université nationale de Singapour, pense que la Chine doit mener ces réformes afin de "donner plus de pouvoir de décision aux marchés" et plus d'espace au secteur privé, considéré comme plus efficace.
Selon M. Yeung, les dirigeants chinois ont mis au point un bon dosage entre développement et réformes, notant qu'il est crucial que les réformes prévues soient appliquées.
Les responsables chinois n'ont en tout cas cessé de promouvoir des réformes structurelles, cherchant à améliorer la qualité de l'offre, tout en accroissant raisonnablement la demande globale.