Dernière mise à jour à 09h58 le 15/01
Répercussions de l'intégration du yuan dans les DTS
Première conséquence importante, le RMB qui entre dans les DTS devient une monnaie de réserve internationale et donc contribuera à l'amélioration du système monétaire international. La Banque centrale chinoise se félicite de ce résultat ? gagnant-gagnant ? pour la Chine et pour le reste du monde. Plusieurs pays saluent ce geste, tandis que les états-Unis et le Japon ont surmonté leurs réticences.
La crise financière internationale de 2008 l'a montré, c'est bien la domination sans partage du dollar depuis des décennies qui est à l'origine des risques systémiques qui pèsent sur la finance internationale, et la réforme du système monétaire international doit rendre celui-ci plus équilibré et plus juste. Aujourd'hui, le PIB des pays en développement représente environ 40 % du PIB mondial, alors que leur représentation dans les institutions financières mondiales est nulle. L'appel des pays en développement à une réforme du système monétaire international se fait de plus en plus insistant.
L'entrée du RMB dans les DTS est donc un pas vers une plus grande stabilité, une meilleure représentativité et donc un fonctionnement plus harmonieux du système monétaire international. Il faut savoir que les monnaies de 7 des 10 pays que compte l'Asie du Sud-Est sont plus liées au RMB chinois qu'au dollar américain. à chaque fois que le RMB s'apprécie de 1 %, les monnaies de ces 7 pays s'apprécient de 0,55 %, contre seulement 0,34 % pour une appréciation de 1 % du dollar.
Mais ce n'est pas tout. L'intégration de la monnaie chinoise contribuera aussi à la réforme financière chinoise en posant les bases de son internationalisation. L'ouverture des comptes de capitaux, l'établissement de quatres zones de libre-échange à Shanghai, Tianjin, au Fujian et dans le Guangdong, sans compter d'autres projets en cours, montrent l'ampleur de la réforme financière entreprise.
Certains fonctionnaires du FMI considèrent que la fin de l'arrimage du RMB au dollar conduira à un système monétaire plus ouvert, plus souple et plus proche des cours naturels du marché. La Chine va poursuivre la réforme de son système financier sur trois axes : réduire les limites imposées à l'émission transfrontalière d'obligations en yuans pour soutenir les étabissements publics et les entreprises chinoises dans leurs émission d'obligations à l'étranger ; poursuivre le mouvement d'ouverture des marchés financiers et autoriser des institutions étrangères à y lever des fonds ; améliorer le système de paiement en yuan à l'international.
On peut s'attendre, une fois que le yuan sera une devise de réserve internationale, à ce que différents pays accroissent leurs réserves en yuans. Cela va entra?ner une demande internationale pour la monnaie chinoise. Selon les estimations de Standard & Chartered et d'AXA Investment Managers, l'intégration du yuan dans les DTS va entra?ner d'ici à 2020 la conversion de réserves d'environ 1 000 milliards de dollars en actifs libellés en yuans.
Enfin, l'intégration du yuan va renforcer la confiance des pays et institutions en l'économie et la devise chinoises. Une confiance stratégique accrue qui entra?nera elle aussi une demande accrue de yuans, et donc un pouvoir accru pour la Chine de participer à la répartition des ressources à l'échelle mondiale.
Mais il faut rappeler que l'intégration du yuan dans les DTS ne signifie pas la transformation immédiate du yuan en monnaie de réserve internationale. La quote-part du yuan dans les DTS n'est que de 280 milliards de dollars, soit 2,5 % des réserves mondiales. Pour qu'une devise puisse devenir monnaie de réserve internationale, elle doit présenter certains indicateurs liés à la situation macroéconomique du pays émetteur, à l'état de son système financier, à l'ouverture de son marché des capitaux, etc. Même si les monnaies du Canada et de l'Australie n'entrent pas dans les DTS, elles n'en sont pas moins des devises de réserve internationale. Cela montre bien que l'intégration du yuan dans les DTS n'est pas une fin en soi, mais une étape du processus d'internationalisation du yuan.