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Lü Chengfang, artiste folklorique seule sur scène, popularise l'opéra Kunqu à Suzhou

Xinhua | 02.02.2018 08h24

Fin janvier a été marqué par une tempête de neige, la première à Suzhou depuis dix ans. Peu de piétons étaient dans la rue, mais le salon de thé Fuxi, situé dans la rue historique Pingjiang, était animé comme d'habitude par Mme Lü Chengfang, qui donne seule, dans ce lieu, des représentations de Kunqu (opéra de Kunshan), de Guqin (instrument à cordes) et de Pingtan de Suzhou (chansons accompagnées par un instrument), en chantant et en expliquant les histoires présentées au public.

Elle a toujours commencé par le Guqin, pour préparer le public au spectacle. "Auparavant, le Guqin n'était pas un instrument de musique, mais un instrument qui aide à se cultiver, c'était comme le Tao. Le niveau culturel du public permet de comprendre les morceaux de musique joués avec cet instrument. Pour moi, le musicien doit avoir un esprit d'unité comprenant l'univers et son état d'esprit. Le son est produit en pin?ant les cordes, à vide, et en les appuyant sur la touche", a expliqué Mme Lü, en jouant de l'instrument.

Elle choisit les chansons selon son humeur. "Trois variations sur les fleurs de prunier" correspond bien à la neige, "Lune à la montagne frontalière" est idéale pour la nuit de pleine lune, "Proses pour l'automne" est mieux à murmurer lors de la bruine, comme le souligne les paroles de cette chanson : "'Quand pourrait-on se retrouver pour accomplir notre amour et soulager mon coeur embarrassé?' Le mal d'amour n'est pas amer, c'est comme le chocolat, doux et amer. Si une personne n'a pas connu le mal d'amour, celle-ci est vraiment triste", nous a confié Mme Lü. La perception de la vie de cette artiste provoque souvent un sourire, ou les larmes du public.

L'interprétation du Kunqu est encore plus détaillée, de son histoire aux paroles, en passant par les chants, et des gestes aux postures, en passant par les personnalités, tout cela pour valoriser le mot "beauté". Avant le spectacle, elle explique au public : "Le 'Pavillon aux pivoines' commence par un scénario dans un jardin. Une jeune noble de 16 ans accompagnée par sa bonne de 12 ou 13 ans s'amuse pour la première fois dans son jardin. Autrefois, les filles nobles n'avaient pas le droit de sortir de leur pavillon. La jeune bonne ne savait que s'amuser, tandis que sa ma?tresse était beaucoup plus retenue et songeuse".

"Les belles fleurs dans un jardin désert ont rendu la demoiselle mélancolique. De bons moments, de beaux paysages, de belles choses et une vie agréable sont trop précieux pour se produire en même temps dans une vie. En les regardant, la demoiselle commence à réfléchir à sa solitude d'adolescente et au printemps gaspillé. Les pivoines viennent après la floraison des autres petites fleurs, parce que la pivoine est la reine des fleurs, tout comme cette jeune fille est plus belle que les autres. Mais à quoi sert cette beauté ? Elle est perdue dans sa rêverie".

"Le Kunqu est un art littéraire, tandis que le Pingtan est folklorique. Lors de son spectacle, Mme Lü présente un extrait de l'opéra la 'Légende du serpent blanc'. M. Xu Xian amène à Suzhou sa femme qui est incarnée par un serpent blanc. Très content, il lui dit 'je n'aurais pas connu une vie heureuse sans tes attentions que je ne méritais peut-être pas..." raconte-t-elle.

Deux scènes par jour, 360 jours par an, Mme Lü a donné ce genre de représentations pendant presque sept ans, en jouant des r?les féminins ou masculins.

"Je suis obligée de venir, en particulier les week-ends et pendant la fête du Nouvel An. Quelques fois, j'hésite un peu quand il y a du mauvais temps ou quand je suis malade, mais une fois que je suis maquillée et que je me mets debout sur la scène, j'oublie les intempéries ou la maladie", a-t-elle confié.

"Je fais cela pour trois raisons : ma petite pension de retraite m'oblige à gagner de l'argent pour mettre du beurre dans les épinards, ma passion pour l'art et la littérature et finalement l'attente de mes fans", a-t-elle expliqué.

"Quand j'avais 13 ans, j'ai regardé neuf fois un film de l'opéra Yue 'Rêve dans le pavillon rouge', et je connaissais toutes les paroles et les chants des personnages, femmes ou hommes, agés ou jeunes. Mais la vie ne m'a pas donné l'occasion de pratiquer un métier artistique. J'ai été institutrice, ouvrière et vendeuse dans ma carrière. J'ai commencé à apprendre à jouer le Kunqu toute seule avec des vidéos", a-t-elle confié.

"Quand j'essayais de donner des représentations dans des jardins de Suzhou, les touristes étaient intéressés, mais ce qui était dommage, c'est qu'ils ne comprenaient presque rien. Je me suis dit que je devais trouver un endroit pour expliquer les histoires, avant de chanter".

"J'aime plaisanter, et quand je vois rire le public, je suis encore plus heureuse que lui. Maintenant, j'ai pris ma retraite et je peux finalement me consacrer à mon cher opéra. Le fait de pouvoir partager mes passions pour l'art avec des touristes et de les rendre heureux me suffit", a-t-elle poursuivi.

Dans la vie, elle ne fait pas folie concernant la nourriture et les vêtements, et pourtant elle n'hésite pas à acheter des costumes de théatre en soie, qui co?tent très chers. Elle se contente quelques fois d'apaiser la faim en mangeant du pain pour être à l'heure pour les représentations. Et tous les jours, elle ne peut rentrer chez elle qu'après 23h00.

"Tout cela, c'est parce que je suis passionnée par l'opéra Kunqu. Sur la scène, j'ai l'impression d'être dans la vraie vie où je satisfais tous mes espoirs, tandis que la vie quotidienne me semble banale. En me réalisant, je trouve que ce que je fais a du sens. Je suis bénévole dans une association de Suzhou pour sauvegarder le Kunqu. En tant que grande amatrice, je me consacrerai toute ma vie aux représentations du Kunqu", a-t-elle poursuivi.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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