Dernière mise à jour à 09h27 le 09/09
L'élégie de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième Guerre mondiale était au coeur du Festival international du film de Venise, du 2 au 12 septembre, puisque deux des films présentés cette semaine attiraient l'attention du spectateur sur les deux grands conflits du 20ème siècle.
"Il y a une réflexion sur les racines culturelles de l'Europe, dans le contexte actuel de crises mondiales, et ce film en est un témoignage", a déclaré samedi à Xinhua, Marinella Pomarici, présidente de l'association culturelle A Voce Alta, peu après avoir regardé Francofonia.
Francofonia, du réalisateur russe Alexander Sokourov, lauréat du Lion d'or de Venise avec son film Faust en 2011, raconte l'histoire de deux hommes remarquables au cours de la Seconde Guerre mondiale, le directeur du Louvre, Jacques Jaujard et l'officier d'occupation nazi, le comte Franziskus Wolff-Metternich.
Ennemis puis collaborateurs, ces deux hommes à l'influence limitée, ayant presque le même age, ont pu néanmoins, par leur vocation commune de protéger les oeuvres d'art, freiner les déprédations et préserver la grande collection d'oeuvres d'art du Louvre.
"Quelquefois les grands événements historiques sont profondément influencés par des gens qui n'ont pas un r?le central, nous ne pouvons pas savoir combien chaque individu peut peser dans l'histoire", a déclaré M. Sokourov aux journalistes au Lido de Venise, où a lieu le festival.
Même s'il attache une grande importance à des détails factuels, le réalisateur se défend d'avoir adopté une approche scientifique. "Dans mon esprit, j'ai vu ce film comme un chemin, un chemin que nous avons tous parcouru et que nous parcourons encore (...0 un chemin qui nous permet de passer du passé au présent et à l'avenir, à notre manière, guidés uniquement par nos pensées, nos réflexions et nos associations", a-t-il expliqué.
En fait, l'art, avec sa valeur éternelle, joue un r?le fondamental dans la mémoire historique, a souligné une critique de cinéma du journal La Nazione, Andreina Sirena, après avoir vu Francofonia.
L'art et la guerre sont ressenties comme particulièrement liés dans un monde actuel qui constate la destruction des oeuvres d'art dans les situations de conflit, a déclaré Mme Sirena à Xinhua. "La culture désigne l'identité et les valeurs, et lorsqu'elle est attaquée, la possibilité de dialogue et la création de la paix sont également menacées", a-t-elle dit.
Un autre film, "L'Enfance d'un Leader", présenté samedi dernier dans la catégorie Horizon du festival, consacrée aux dernières tendances du cinéma, porte sur la levée de l'autoritarisme au 20ème siècle.
Le film du réalisateur américain Brady Corbet raconte l'histoire d'une jeune gar?on vivant en France en 1918 et dont le père travaille pour le gouvernement américain sur le Traité de Versailles. Ce qu'il traverse l'aide à fa?onner ses croyances et les spectateurs sont le témoin de la naissance d'un ego terrifiant.
"Pour moi, ce film parle de la fa?on dont les programmes inconsidérés et personnellement intéressés se fondent dans les agendas politiques, à quel point il est facile que les puissances hiérarchiques abusives ainsi se transforment", a déclaré M. Corbet aux journalistes.
En fait, "L'Enfance d'un Leader" s'est inspiré des événements de la petite enfance de nombreux grands dictateurs du 20ème siècle. "Il n'y a aucune explication définitive fournie pour justifier leurs actions, seulement des signes éparpillés, qui selon moi ressemblent au sentiment que nous avons souvent quand nous essayons de retracer les étapes de la plupart des tyrans barbares du siècle dernier", a ajouté M. Corbet.
D'après Umberto Mortelliti, autre spectateur du festival de Venise, les films ayant pour thème la guerre sont "très éducatifs" car ils "mettent en lumière les catastrophes engendrées par les conflits et leurs menaces pour la paix et le développement mondial".
Deux jeunes réalisateurs du projet cinématographique Filmap partagent le même avis. "Cette édition du festival semble accorder une attention particulière aux thèmes de la guerre et du souvenir. Outre "Francofonia" et "L'Enfance d'un Leader", d'autres films ont été présentés qui portent également sur les sujets des conflits dans différentes parties du monde, de l'Afrique à l'Ukraine", a déclaré Dario Cotugno à Xinhua.
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