Dernière mise à jour à 07h56 le 12/12
A l'aube du 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, l'ancien président fran?ais Fran?ois Hollande s'est félicité dans un entretien à Xinhua des progrès que la Chine a accomplis avec sa politique de réforme et d'ouverture. Il a aussi exprimé son inquiétude face aux tensions internationales et appelé à agir ensemble pour la gouvernance mondiale.
UNE REUSSITE : LA REFORME ET L'OUVERTURE VERS L'EXTERIEUR
Pour M. Hollande, la politique de réforme et d'ouverture lancée il y a 40 ans par Deng Xiaoping a non seulement été une décision importante pour la Chine, mais aussi une décision historique qui a changé le monde. Selon lui, elle a "d'abord considérablement contribué au développement de la Chine, à sortir de la pauvreté des centaines des millions de personnes, mais ?a a eu aussi un effet sur le commerce mondial et sur la croissance mondiale".
"Je suis allé plusieurs fois en Chine. Chaque fois que j'y suis allé, j'ai toujours été impressionné par la rapidité avec laquelle le développement s'opérait, mais aussi par la volonté de plus en plus affirmée de la Chine d'être utile au monde et de prendre part au grand débat de la planète. Ce n'est pas un pays qui veut se replier comme on l'a souvent dit. C'est un pays qui veut au contraire s'ouvrir", a-t-il dit.
Très attentif à l'exportation de produits fran?ais en Chine et à la coopération bilatérale dans les secteurs technologique, nucléaire et aéronautique au cours de son mandat, M. Hollande a aussi exprimé la bienvenue aux Chinois et s'est aussi félicité que "les touristes chinois soient chaque année plus nombreux à venir en France".
Interrogé sur le populisme en Europe, il a estimé qu'il "y a certains nationalistes ou extrémistes qui peuvent utiliser les conséquences d'avoir permis à la Chine d'être une grande nation de commerce, d'industrie et de technologie. Ils utilisent cette situation pour faire peur aux populations, notamment en Europe. Donc notre devoir, c'est d'expliquer que nous avons tout intérêt à ce que cette ouverture se poursuive, à ce que ce développement des échanges se perpétue, mais que nous ayons aussi des règles entre nous, aussi bien pour les investissements que pour le commerce, qui favorisent le respect de l'emploi dans les deux pays".
"On ne doit jamais contester la volonté d'un pays -pas n'importe quel pays, en l'occurrence la Chine- de vouloir se développer, de vouloir assurer la prospérité de son peuple et d'élever le niveau de la technologie dans le monde", a poursuivi Fran?ois Hollande, mettant l'accent sur la promotion du commerce mondial.
LA CHINE ET LA FRANCE FONT FACE AUX INCERTITUDES MONDIALES
Dans son livre "Les le?ons du pouvoir" publié début 2018, après avoir quitté l'Elysée, M. Hollande raconte les expériences vécues à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques et ses rencontres avec le président Xi Jinping. "Je le dis dans le livre : s'il n'y avait pas eu l'appui du président Xi Jinping, je n'aurais pas pu obtenir l'accord général à Paris en décembre 2015 pour que nous puissions prendre cet engagement pour la planète", a-t-il souligné en évoquant la lutte contre le réchauffement climatique.
Evoquant l'avenir, l'ancien président n'a pas caché son inquiétude. "L'avenir, il doit être essentiellement sur la préservation, l'amélioration de l'ordre international. Parce que nous sommes, la Chine et la France, très inquiets de ce que le monde puisse avoir de désordre. Le fait qu'il y a eu l'accord sur le climat qui était contesté par le président américain Donald Trump, l'accord sur l'Iran, qui a été également mis en cause, ainsi que sur le plan commercial il y a des tensions qui se sont créées, même si nous devons tous faire des efforts de contrepartie. Nous voyons bien que l'ordre international, le système des Nations Unies, les grandes organisations peuvent être affectées par ce climat, par cette tension".
Face à celle-ci, M. Hollande a appelé à agir pour la gouvernance mondiale. "Nous voulons, Chine et France, au-delà des gouvernements, porter l'idée que nos deux pays, membres permanents du Conseil de sécurité, doivent agir pour la régulation mondiale", a-t-il plaidé.
"Nous devons défendre des principes et des accords qui puissent être fondés sur des avantages mutuels et je pense que la meilleure fa?on de répondre, c'est d'avoir entre l'Europe et la Chine des relations commerciales qui puissent être des exemples de ce que l'on pourrait montrer au monde", a conclu Fran?ois Hollande.