Dernière mise à jour à 08h40 le 07/07
Le sinologue fran?ais Pierre Picquart estime que le jugement à venir du tribunal arbitral de La Haye, saisi unilatéralement par Manille pour son litige avec Beijing en mer de Chine méridionale, risque de "mettre en danger la paix et la stabilité" dans cette région.
"Ce qui poserait question, ce serait de voir, une nouvelle fois, une solution initiée par un soi-disant 'arbitrage international' non reconnu par la Chine, qui tenterait d'imposer un règlement des différends entre Pékin et Manille", déclare le géopolitologue spécialiste de la Chine dans un entretien accordé à l'agence Xinhua
Alors que le jugement est attendu le 12 juillet, la Chine a indiqué à plusieurs reprises qu'elle ne reconna?t pas la compétence du tribunal arbitral dans cette affaire et qu'elle ne saurait donc en accepter ses conclusions.
"La Chine est fondée à rejeter toute ingérence étrangère sur son territoire maritime et à ne plus se faire imposer unilatéralement des arbitrages qui, dans le passé, lui ont été défavorables ou inégalitaires", explique M. Picquart.
"Plusieurs accords et traités internationaux injustes ont privé la Chine par le passé de plusieurs portions de son territoire, en balayant les droits historiques de Pékin et en amputant la souveraineté nationale chinoise", comme l'invasion japonaise et la Seconde Guerre mondiale, rappelle l'universitaire fran?ais.
Selon lui, "l'ingérence d'une ou de plusieurs tierces parties avec un intérêt indirect en invitant d'autres pays ou des organisations à exprimer leur opposition contre la Chine (...) compliquerait le problème et mettrait en danger la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale".
"Par exemple, en attisant les tensions en mer de Chine méridionale, le Japon pourrait être tenté de gonfler l'importance de ce désaccord, pourrait essayer de renforcer des alliances anti-chinoises et pourrait tenter d'attiser les tensions dans ces eaux territoriales, notamment pour avoir plus de moyens de pression contre la Chine dans le litige sur la souveraineté des ?les Diaoyu en mer de Chine orientale", explique-t-il.
"L'arbitrage sur la mer de Chine méridionale lancé par l'ancien président philippin Benigno Aquino III ne pourra pas produire de solution pacifique. D'ailleurs, le nouveau président philippin Rodrigo Duterte, lui, souhaite avoir une 'conversation' avec la Chine sur les contentieux en mer de Chine méridionale afin, sans doute, de nouer avec elle une relation mutuellement bénéfique", poursuit M. Picquart.
Le spécialiste du monde chinois souligne également que "la Chine a toujours encouragé et privilégié à la fois les partenariats gagnant-gagnant et le dialogue bilatéral pour résoudre tous les problèmes frontaliers communs, terrestres ou maritimes".
"Cela est valable avec les Philippines, comme pour tous les autres différends en mer de Chine méridionale" et "il est cohérent et logique que Pékin préserve légitimement ses intérêts historiques", note-t-il.
Il est à souhaiter que le litige sino-philippin "soit résolu via des négociations bilatérales, fondées sur le respect des faits historiques et en accord avec le droit international" et que "Manille travaille avec Pékin pour trouver un juste milieu dans ces différends et de manière appropriée, pour la paix en mer de Chine méridionale", conclut le spécialiste.