Dernière mise à jour à 08h18 le 13/06
L'initiative lancée unilatéralement par les Philippines de demander un arbitrage sur la question de la mer de Chine méridionale portera atteinte à la perspective de résolution pacifique via la négociation, a indiqué un expert américain dans une interview accordée à Xinhua.
La Chine souhaite résoudre la question par des négociations, mais les Philippines, avec le soutien des Etats-Unis, ont pensé pouvoir "jouer durement" sur cette question en portant les différends au tribunal d'arbitrage, a déclaré William Jones, chef du Bureau de Washington de la publication américaine Executive Intelligence Review.
"L'arbitrage est normalement demandé lorsque deux parties ne peuvent pas négocier avec succès un problème. Mais cela (l'initiative de Manille) n'est pas le cas du tout, car il n'y a eu aucune négociation entre les Philippines et la Chine sur cette question", a poursuivi M. Jones.
La Chine adhère à la position de non-acceptation et de non-participation à l'arbitrage. Selon M. Jones, Beijing a des "raisons légitimes" de prendre cette position, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM).
Selon l'analyse de M. Jones sur les intentions de Manille, les Philippines doivent penser que quelle que soit la décision prise par le tribunal, le processus d'arbitrage lui-même pourra donner au pays une certaine marge de man?uvre pour faire valoir ses revendications en mer de Chine méridionale.
Par ailleurs, M. Jones a révélé que les Etats-Unis pourraient utiliser l'arbitrage comme un moyen pour limiter les revendications territoriales de la Chine et pour renforcer leurs alliés, du fait que "le développement de la Chine, notamment son développement maritime, est considéré plut?t comme une menace par au moins une grande partie des élites américaines".
"Les deux pays peuvent obtenir un certain avantage en essayant de délimiter les revendications territoriales légitimes, je pense, de la Chine", a affirmé M. Jones, ajoutant que les revendications historiques de la Chine dans la région de la mer de Chine méridionale "ne peuvent vraiment pas être réfutées".
En outre, l'expert a critiqué le soutien des Etats-Unis à l'arbitrage, soulignant que cela allait à l'encontre de la position de Washington de ne pas prendre partie sur la question de la mer de Chine méridionale.
En effet, les Etats-Unis ont "pris partie", en encourageant les Philippines à faire valoir leurs revendications "avec beaucoup plus de force, ce qui rend plus difficile le succès des négociations", a indiqué l'expert.
"L'intervention, et en réalité le r?le des Etats-Unis, est devenue la partie la plus aggravante (dans la question de la mer de Chine méridionale)", a déclaré M. Jones.
Dans son interview avec Xinhua, M. Jones a également rejeté l'allégation selon laquelle la Chine a militarisé la région de la mer de Chine méridionale avec ses réclamations et ses projets de construction.
"Vous pouvez compter le nombre de navires et le nombre de croiseurs qui ont été déployés par les Etats-Unis, ainsi que le nombre de navires de guerre déployés par les alliés des Etats-Unis dans la région, et je pense que la militarisation vient vraiment de la part des Etats-Unis", a indiqué M. Jones.
Il a ajouté que la liberté de navigation dans la région n'avait jamais été menacée, et "certainement pas par les Chinois".
"Le commerce de la Chine est très dépendant de la liberté de navigation en mer de Chine méridionale afin d'obtenir ce dont elle a besoin pour soutenir sa population. La Chine n'a donc aucune raison de menacer cette liberté", a conclu M. Jones.