Face aux défis urgents de la réduction et de l'éradication de la pauvreté, l'Afrique peut compter sur un partenaire fiable et fidèle : la Chine.

Lors de ses visites d'Etat au Zimbabwe et en Afrique du Sud et à l'occasion du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) à Johannesburg de jeudi à dimanche, le président chinois Xi Jinping a annoncé et annoncera de nouvelles mesures de promotion de la coopération avec l'Afrique centrées sur l'amélioration de la vie des Africains, la réduction de la pauvreté et les investissements dans le continent.

L'industrialisation, la sécurité alimentaire, la santé publique et la prévention des maladies en Afrique figureront également parmi les sujets de discussion prioritaires du forum, a précisé le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi en amont de ces visites.

Ces annonces interviennent à un moment critique pour ce continent frappé par la pauvreté, dont 34 pays ont été inscrits sur la liste des pays les moins avancés de l'ONU l'année dernière. Le développement de ces pays accuse un retard important par rapport au reste du monde à cause de la colonisation occidentale.

Alors que l'Asie de l'Est, le Pacifique et l'Asie du Sud ont réalisé de grands progrès dans la lutte contre l'extrême pauvreté, presque la moitié de la population en Afrique subsaharienne vit encore dans l'extrême pauvreté avec moins d'1,25 dollar par jour, selon un rapport publié en octobre par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

L'extrême pauvreté pose un défi pour l'Afrique, et l'élargissement de l'écart entre les riches et les pauvres menace la stabilité de la région.

L'EXPERIENCE DE LA CHINE

La Chine a été le premier pays en développement à atteindre l'objectif du Millénaire pour le développement de réduction de moitié de sa population pauvre avant la fin de l'année 2015.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué les réalisations remarquables de la Chine dans l'élimination de la pauvreté dans une vidéo adressée au Forum international sur la réduction de la pauvreté et le développement qui s'est tenu à Beijing en octobre 2014.

"La Chine est un modèle pour l'agriculture dans les pays en développement. La Chine a investi dans l'agriculture afin de réduire la pauvreté et des projets agricoles ont été mis en oeuvre avec succès sur le terrain", a indiqué Peter Garry, professeur d'étude du développement à l'Université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

Huawei Technologies, un géant des télécommunications chinois spécialisé dans les produits et solutions informatiques et technologiques, a aidé à changer la vie des Africains en introduisant un réseau 4G à haut débit au Nigeria.

La participation directe d'entreprises chinoises de téléphonie telles que Huawei, ZTE et Tecno est importante pour la croissance de l'économie des télécommunications en Afrique, a indiqué Bright Simons, un entrepreneur ghanéen du secteur technologique et chercheur honoraire d'un think tank local.

L'industrie des télécommunications est largement reconnue comme ayant contribué à accro?tre le produit intérieur brut et les revenus fiscaux, qui ont permis aux pays africains d'augmenter leurs dépenses en matière de santé et d'éducation, ce qui a bénéficié directement aux pauvres du continent, a-t-il indiqué.

"Certains éléments démontrent que la présence de la Chine en tant que bailleur de fonds et promoteur de projets d'infrastructures permet de réduire les prix des grands projets, des centrales d'énergie aux routes", a-t-il ajouté.

LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE

L'Afrique doit relever les défis de la modernisation agricole et de l'industrialisation. Si des progrès ont été faits sur le plan de l'agriculture, peu d'opportunités de développement se sont présentées dans le domaine de l'industrialisation.

Les transports, l'alimentation en électricité et les logements urbains sont quelques unes des questions clés en Afrique. "La Chine peut nous aider à réaliser [nos] objectifs [dans ces domaines]", a souligné M. Garry.

Des pays comme le Nigeria et l'Afrique du Sud pourraient s'inspirer de l'expérience de la Chine dans la réduction de la pauvreté, a pour sa part estimé Shonibare Akinwumi, ancien directeur général adjoint de Diamond Bank au Nigeria.

Il a ajouté que la plupart des économies du monde restaient pauvres en raison d'un manque d'investissements ou d'attention à la modernisation du secteur agricole, un domaine où la Chine pourrait agir.

"Pour que l'économie d'un pays croisse, la base de production, c'est-à-dire le secteur industriel, doit être développée", a estimé M. Akinwumi.

"La Chine est en train de faire tout cela, elle cherche à créer des emplois, et vous ne pouvez réduire la pauvreté sans créer des emplois. C'est ce qui a manqué à nos efforts de développement jusqu'ici", a-t-il ajouté.

L'Afrique doit éviter de répéter les erreurs du passé qui consisteraient à dépendre des donateurs, et chercher à la place à stimuler son propre secteur de fabrication, a estimé Fay Chung, conseillère spéciale de l'Union africaine.

"En comparaison, le développement de la Chine ne dépend pas de l'aide des donateurs", a-t-elle fait remarquer.

Le faible niveau d'industrialisation sur le continent présente néanmoins d'immenses opportunités pour la coopération industrielle entre la Chine et l'Afrique, la Chine ayant adopté une approche progressive pour aider le continent à développer sa capacité industrielle à travers le transfert de technologie, a-t-elle ajouté.