Cette année, la Suisseet la Chine commémorent conjointement le 65e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-suisses, et la visite de travail du Premier ministre Li Keqiang en Suisse, qui s'est tenue fin janvier dernier, a renforcé la coopération de nos deux paysdans les domaines tels que la finance, la recherche scientifique, la culture et la médecine,etc. C'est un grand plaisir pour nous d'interviewer M. Jean-Jacques de Dardel, ambassadeur de Suisse en Chine et d'écouter ses observations sur la Chine.
Q : Avant de venir à Beijing en tant qu'ambassadeur de Suisse en Chine, vous aviez travaillé principalement au sein de l'Europe, et cette fois vous travaillez si loin de votre pays, pourquoi avez-vous accepté ce mandat ? J'ai entendu que votre femme est sinologue et votre fille a étudié en Chine, donc ?a vous a donné quelque influence là-dessus ?
En quelque sorte oui. Je n'ai pas seulement travaillé en Europe, mais en Amérique du Nord, en Asie, également en Australie. Ce que je veux dire par là, c'est qu'au fond, j'aiune approche assez éclectique. Ma vie l'a été également. J'avais relativement peu de lien direct avec la Chine. C'est vrai que mes parents ont vécu à Hong Kong à partir de 1950. Ma femme a effectivement fait des études de langue, de civilisation et d'art chinois. Ma fille a passé, avant mon arrivée, une année à Shanghai. Moi-même, je n'ai pas eu cette possibilité professionnelle. Lorsqu'on vous propose de venir en Chine, je pense que de nos jours, la plupart des gens accourent avec grand intérêt, plaisir, expectative, passionmême. La Chine est devenue le p?le le plus dynamique de l'évolution humaine contemporaine. Je me suis beaucoup réjoui d'occuper ce poste.
Q : Cette année, on célèbre le 65e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-suisses, alors si l'on voudrait faire une rétrospective, comment évaluez vous ces réalisations du passé entre nos deux pays ?
Je vous dirais que ce sont des relations ? Triple A ?. Elles sont excellentes. Elles ont l'amplitude temporelle de ces soixante-cinq ans. C'est-à-dire que la Suisse a été l'un des tout premiers pays occidentaux à reconna?tre la nouvelle Chine, en janvier 1950.
Depuis lors surtout, c'est toute une substance, une consistance, un approfondissement de nos relations dans beaucoup de domaines, qui ont donné à ses relations du profil, un grand volume économique et naturellement, aussi de personne à personne. Je constate que de plus en plus de Suisses apprennent le mandarin, viennent s'installer ici. Vous êtes très nombreux à venir chez nous. Tout ?a est le fruit, le produit d'une série de décisions qui ont été prises à des moments où cela n'allait pas de soi. Les acteurs économiques, politiques des deux pays ont régulièrement décidé de se risquer à une décision novatrice.
Nos relations sont caractérisées par deux pages A4 de domaines dans lesquels nous avons enregistré des premières qui au départ paraissaient étonnantes, et qui se sont affirmées par la suitecomme ayant été la bonne décision, que ce soit dans le domaine économique, où la première joint-venture qui s'est faite entre une entreprise chinoise et une entreprise occidentale le fut avec une entreprise suisse. Le premier dialogue sur les droits de l'homme avec un pays occidental, à la demande d'ailleurs de la partie chinoise, s'est établi il y a plus d'une génération avec la Suisse. La première reconnaissance de l'économie chinoise comme économie de marché l'a été par la Suisse il y a un certain nombre d'années. Je peux accumuler ainsi les exemples dans différents domaines. Car nos relations ne se résument pas à la symbolique de 65 ans, mais doivent vraimentbeaucoup à la substance qui s'est construite au travers de ces 65 années.