Selon New World Wealth et LIO Global, le dernier rapport de Forbes a annoncé qu'environ 91 000 particuliers riches de la partie continentale de Chine se sont installés à l'étranger dans les 14 dernières années. Le rapport définit ces personnes riches du continent comme quiconque possédant des actifs nets d'1 million de Dollars US, sans compter la résidence principale, et affirme que la plupart des riches de la partie continentale partent vers les états-Unis, Hong Kong, Singapour ou le Royaume-Uni.
Pourquoi les Chinois riches sont-ils si désireux de quitter le continent ? Hurun Consultancy, conjointement avec le Visas Consulting Group, a fait quelques recherches et découvert que les principales raisons n'ont pas grand-chose à voir avec la politique. Les trois principaux facteurs qui déterminent cette volonté des millionnaires d'émigrer, chacun représentant 20%, sont des préoccupations concernant l'éducation de leurs enfants, la pollution et la sécurité alimentaire.
On croit savoir que certaines personnes élaborent des projets de départ pour échapper à la récente vague de répression de la corruption qui vise ceux qui ont une richesse mal acquise. En Chine, personne ne les regrettera, mais les autorités doivent les arrêter.
Les Américains, dont la colère envers les super-riches monte en raison du renforcement des inégalités, pourraient ressentir la même chose à propos des millionnaires fuyant les imp?ts plus élevés aux états-Unis -contrairement à leurs homologues chinois, les Américains riches partent en effet principalement pour alléger leur fardeau fiscal.
Mais la plupart des Chinois riches qui souhaitent partir, en particulier ceux de la première génération, ont fait fortune honnêtement grace à leurs capacités et leur travail acharné. Ces personnes constituent un précieux réservoir de talents entrepreneuriaux/d'affaires que la Chine ne peut se permettre de perdre au moment où elle cherche à donner aux marchés une place plus importante dans son modèle de croissance économique.
Il est évident que, parmi ceux qui ont exprimé le désir de partir, tous ne le feront effectivement pas. Liam Bailey, chercheur chez Knight Frank LLP dit ainsi dans un rapport de Barclays : ? La plupart des personnes individuelles possédant une grande fortune gagnent probablement de l'argent en Chine actuellement. Donc pour des raisons d'affaires, ils ont besoin d'être relativement près ?.
Mais si ces personnes pourraient rester sur place, elles pourraient néanmoins transférer davantage de leurs actifs à l'étranger. Hurun estime que de 2012 à 2014, les Chinois riches ont ainsi investi entre 16 et 19% de leur richesse à l'étranger.
En 2014, la Chine a enregistré un déficit du commerce des services de 198 milliards de Dollars US, qui a été largement considéré comme un nouveau canal de fuite de capitaux. Et il est estimé que les 300 à 400 milliards de Dollars US de sorties de capitaux de cette année pourraient nuire aux capacités de la Chine à soutenir son économie.
La Chine dispose d'énormes réserves de change, 3 700 milliards de Dollars US pour être précis. Mais Victor Shih, économiste, a noté qu'1% des ménages chinois les plus riches contr?lent des actifs équivalents à au moins deux tiers des réserves de change de la Chine et, prévient-il, si jamais ils pla?aient de 30 à 40% de leur fortune à l'étranger, les réserves du pays perdraient pas moins de 1 000 milliards de Dollars US.
Améliorer l'environnement et le système d'éducation en Chine, deux des trois principales raisons pour lesquelles les millionnaires souhaitent quitter leur pays, est une tache difficile et de longue haleine. Mais en attendant, le gouvernement chinois doit s'appuyer sur ses efforts antérieurs pour renforcer le filet de sécurité pour les gens ordinaires afin d'augmenter leurs revenus -et donc les dépenses- et réduire les inégalités. La réduction de la concentration des richesses en Chine pourrait, dans une certaine mesure, rendre le pays moins vulnérable aux caprices de ses riches, si agités et désireux de partir.
L'auteur est chercheur au Centre pour la Chine et la mondialisation.