Dernière mise à jour à 10h52 le 02/06
Plus d'une semaine après l'éruption du volcan Nyiragongo dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), la ville de Goma, qui risquait une fois d'être avalée par la lave, conna?t un lent retour à la normale, alors que les magasins rouvrent et que les habitants regagnent leur foyer pour ramasser les morceaux de leur vie brisée.
UNE VILLE UN PEU REVEILLEE
"Aujourd'hui, la ville de Goma s'est un peu bien réveillée. Tout n'est pas revenu à la normale, mais quand même nous assistons à une reprise des activités dans la ville", a noté mardi Jean Kasereka, un chauffeur de taxi local.
Sur le marché Alanine, l'un des plus fréquentés de Goma, les cris des vendeurs rappellent le "bon vieux temps", du moins les jours avant que le volcan Nyiragongo n'entre en éruption le 22 mai, tuant au moins 32 personnes.
La ville, au pied du volcan, a évité par chance d'être défigurée, les coulées de lave s'arrêtant à ses portes. Mais avec des secousses sismiques constantes en ville, la peur d'une éventuelle deuxième éruption règne toujours, obligeant les autorités locales à évacuer ses habitants depuis le 27 mai par mesure de précaution.
Avec près de 400.000 personnes évacuées, Goma, qui compte d'ordinaire plus d'un million d'habitants, est soudainement devenue, comme certains l'appellent, une ville fant?me. "Les magasins étaient fermés et les gens étaient fous pour quitter la ville", confiait un habitant jeudi dernier à Xinhua en route en partant se réfugier au Rwanda voisin.
Mais avec une diminution progressive de la fréquence et de l'intensité des séismes liés à l'activité volcanique, selon l'Observatoire volcanologique de Goma (OVG), des milliers d'habitants évacués ont commencé à rentrer progressivement chez eux.
"Il y a un nombre acceptable d'acheteurs qui viennent nous visiter, en prenant tout ce dont ils ont besoin. La ville se porte vraiment bien", s'est félicité Kasereka Wangebe, un vendeur sur le marché Alanine.
TOUJOURS DANS LA "PHASE ROUGE"
Même si des résidents restent optimistes quant à un retour à la normale de Goma, la ville n'est toujours pas hors de danger. La possibilité d'une nouvelle éruption à terre ou sous le lac Kivu n'est toujours pas exclue, ont averti lundi les autorités locales.
Ainsi, 71 secousses ont été enregistrées lundi, dont la plupart n'ont pas été ressenties par la population, a indiqué mardi Ndjike Kaiko, porte-parole de la cellule de crise créée par les autorités de la province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu.
"Nous recommandons donc à la population de rester vigilante, à l'écoute des informations et d'observer strictement les mesures arrêtées par les autorités provinciales. Nous demeurons toujours dans la phase rouge", a souligné M. Kaiko.
Une équipe de volcanologues venue pour évaluer la situation a placé une caméra dans le cratère afin de permettre un bon suivi de l'évolution du volcan, a annoncé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU.
Une autre équipe est attendue le 3 juin pour renforcer les mesures de surveillance et la coopération entre l'OVG et d'autres experts.
Lors d'une conférence de presse samedi dernier à Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a appelé les habitants à rester prudents et a déconseillé aux personnes évacuées de retourner à Goma.
"Je le déconseille vivement. Nous, à ce stade, n'avons pas encore d'informations nous permettant d'autoriser le retour. Nous ne sommes pas encore certains. Les scientifiques doivent nous rassurer à 100%. Même s'il reste 1% d'incertitude, je ne souhaiterais pas que la population revienne", a affirmé le président de la RDC.