Dernière mise à jour à 09h46 le 21/02
Des millions de civils du Soudan du Sud ont été délibérément privés d'accès aux services de base et beaucoup sont délibérément affamés, selon un rapport de la Commission des droits de l'Homme des Nations Unies sur le Soudan du Sud publié jeudi à Genève.
Selon le rapport, des millions de dollars ont été ainsi détournés par le Trésor public, épuisant des ressources qui auraient pu être utilisées pour promouvoir les droits socio-économiques des Sud-Soudanais.
"Les niveaux extrêmes de pauvreté et le manque d'accès aux services essentiels tels que les soins de santé et l'éducation ont été exacerbés par des actes qui équivalent à des crimes économiques perpétrés par des membres de l'appareil étatique", déplore le rapport.
Cette commission, mise en place en 2016 par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, a étudié les abus commis entre septembre 2018, date de la signature d'un accord de paix à Addis-Abeba (Ethiopie), et décembre 2019. Les trois membres de cette commission considèrent que le pillage des fonds publics par les autorités a un impact catastrophique sur la situation humanitaire au Soudan du Sud, laissant les gens ordinaires dans l'insécurité alimentaire.
Plus de la moitié de la population, principalement des femmes et des enfants, sont ainsi confrontés à "une insécurité alimentaire aigu? en raison de la politique délibérée des différentes parties au conflit qui consiste à empêcher l'aide humanitaire d'atteindre les civils", ajoute le rapport.
Selon Andrew Clapham, membre de la Commission, "affamer délibérément peut constituer un crime de guerre ou un crime contre l'humanité".
La formation d'un gouvernement d'union nationale du Soudan du Sud, initialement prévue en mai 2019, a été reportée une première fois au 12 novembre 2019. Un nouveau délai de 100 jours a été accordé aux deux rivaux, qui ont depuis multiplié les réunions pour résoudre leurs différends avant la nouvelle date-butoir du 22 février.
"Le Soudan du Sud se trouve à un moment critique où ses dirigeants doivent faire des choix fermes pour faire avancer le processus politique bloqué de mise en ?uvre de l'Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud", a conclu Barney Afako, membre de la Commission.
Quelque 6,5 millions de personnes au Soudan du Sud - plus de la moitié de la population - pourraient être en situation d'insécurité alimentaire aigu? au plus fort de la période allant de mai à juillet, ont averti l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM).