Une vaste campagne de sensibilisation contre l'extrémisme religieux musulman est lancée depuis une semaine en Mauritanie sous le slogan "je ne suis pas extrémiste".

Cette campagne, menée essentiellement par des blogueurs et des lanceurs d'alerte et des membres de la société civile, à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux, cible particulièrement la jeunesse généralement visée par les prédicateurs du djihadisme, de l'extrémisme et les discours sectaires.

Selon ses promoteurs cette campagne vise à élaguer toutes les formes d'intolérance véhiculées par les réseaux sociaux largement mis à profit par les groupes djihadistes actifs dans la zone du Sahel, dont la Mauritanie.

La campagne, qui a organisé un débat au siège du Syndicat des journalistes mauritaniens, vise également à lutter contre le discours raciste et "toutes autres tendances qui ne contribuent pas à réconcilier la Mauritanie avec elle-même", selon l'expression du blogueur Sid'Ahmed Ould Ahmedou.

La Mauritanie a fait l'objet de 2005 à 2009 d'attaques terroristes successives qui ont provoqué la mort de soldats, de civils et de touristes étrangers.

Suite à ces attaques, les services de sécurité mauritaniens ont arrêté et présenté à la justice plus de 600 djihadistes pour la plupart des Mauritaniens.

Un dialogue a été alors ouvert, sous la houlette d'éminents oulémas, avec des détenus condamnés pour des faits liés au terrorisme, dont plusieurs dizaines ont alors annoncé leur rupture avec tout recours à la violence pour marquer la divergence politique, idéologique ou religieuse. Ces repentis ont bénéficié de programmes de réinsertion dans la vie active au sein de la société.

Cet état de fait a été précédé par une intense activité des recruteurs djihadistes qui n'avaient pas hésité à utiliser les tribunes offertes par les mosquées pour s'adresser à une jeunesse souvent en proie à l'ignorance, au ch?mage et aux multiples crises sociales.

Face à cette situation, les autorités ont adopté une nouvelle stratégie prenant en compte les aspects sociaux culturels et économiques pour lutter contre l'essor de l'extrémisme religieux.

Cette stratégie pr?ne un retour à l'islam malikite sunnite largement répandu en Mauritanie, qui se caractérise par sa modération.

C'est dans ce cadre que les autorités du pays ont récemment destitué un imam chiite pour stopper la progression du chiisme dans le pays et limiter l'influence de l'Iran qui en est la source, notent les observateurs.

Depuis 2009, la Mauritanie n'a pas connu d'attaques terroriste sur son territoire, mais les risques de montée de l'extrémistes demeurent réels dans ce pays frontalier au Mali et situé, en grade partie, en bordure du Sahara.