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Crise centrafricaine: une situation humanitaire "grave" et sous financée

Xinhua | 16.05.2018 08h47

Deux ans après l'élection de Faustin-Archange Touadéra à la présidence, saluée comme un signe d'espoir pour sortir de la crise sans précédent causée par la prise du pouvoir de Michel Djotodia et son ex-coalition rebelle de la Séléka en 2013, la persistance des violences plonge la République centrafricaine (RCA) dans une situation humanitaire "grave", selon une responsable des Nations Unies.

"Malgré nos efforts continus et l'engagement sans faille de l'ensemble de la communauté internationale, des bailleurs de fonds, des autorités nationales et locales et du gouvernement, la situation humanitaire a malheureusement atteint un niveau grave", s'est alarmée Najat Rochdi, la coordinatrice humanitaire des Nations Unies en RCA, lors d'une réunion tenue lundi à Yaoundé.

En janvier 2014, au plus fort de la crise, ce membre de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) à l'évolution rythmée par des rébellions et des coups d'Etat militaires comme celui mené contre Ange-Félix Patassé en 2003 par Fran?ois Bozizé, renversé à son tour par l'ex-rébellion de la Séléka, dénombrait quelque 922 000 déplacés internes et 140 000 réfugiés.

A ce jour, l'on estime à 2,5 millions, soit environ la moitié de la population, le nombre de Centrafricains se trouvant dans le besoin d'assistance humanitaire.

D'un co?t de 515,6 millions de dollars de financements, le plan de réponse humanitaire lancé par le gouvernement centrafricain en collaboration avec les Nations en janvier pour cette année se propose de venir en aide à 1,9 million de ces personnes vulnérables.

Selon un bilan provisoire dressé par Joseph Ongandzi, le chef du bureau du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU en RCA (OCHA), "pour 2018, 13,5 millions de dollars ont déjà été versés ou promis".

"La réponse humanitaire reste sous-financée avec 9,4% des financements requis disponibles à ce jour (...) La quasi-totalité des besoins ne sont pas couvert", a fait savoir le responsable onusien lors de la réunion tenue avec les partenaires techniques et financiers de la RCA lundi à Yaoundé.

Cette rencontre, tenue en présence de Virginie Ba?koua, la ministre centrafricaine de l'Action humanitaire et de la Réconciliation nationale, se résume par un appel à l'aide que le pouvoir de Bangui, en collaboration avec les Nations Unies, a l'habitude de lancer en direction des bailleurs de fonds dans la capitale camerounaise, à partir de laquelle la plupart de ceux-ci opèrent.

Dans les années antérieures, les ressources re?ues de ces donateurs "étaient importantes mais pas assez pour répondre aux besoins vitaux des plus vulnérables", a observé le chef du bureau d'OCHA.

"Les déplacements à répétition entravent la production agricole et créent une dépendance à l'aide d'urgence", a reconnu, pour sa part, la ministre centrafricaine de l'Action humanitaire et de la Réconciliation nationale, citant l'exemple de la ville de Paoua, l'un des greniers du pays ayant replongé dans l'insécurité, de même qu'Ippy, Bangassou, Rafa?, Alindao et même la capitale Bangui.

Dans sa recherche d'une sortie durable de la grave crise qui secoue la RCA, l'un des pays les plus pauvres du monde, le gouvernement centrafricain s'est doté d'un plan de consolidation de la paix et du relèvement.

Selon Virginie Ba?koua, cette crise étant, non pas un conflit interreligieux ou intercommunautaire, mais "un conflit de pauvreté et de précarité" où de gens utilisent la religion pour "déstabiliser le pays", "nous devons agir en bas de la pyramide pour pouvoir remonter les populations vers le haut".

C'est l'objectif poursuivi par le dialogue permanent que les autorités centrafricaines ont instauré entre les communautés locales, pour permettre un retour à la paix, la réconciliation véritable et la cohésion sociale.

Au même moment, le chef de l'Etat de la RCA Faustin-Archange Touadéra a décidé de se rapprocher des groupes armés à l'origine des tensions dans le pays pour un autre dialogue visant le même objectif.

Suite à la mise en oeuvre du plan de consolidation de la paix et du relèvement, la ville de Bangui a vu fermer les trente-six sites de déplacés qui y avaient été créés, selon la ministre centrafricaine.

Elle a aussi fait état d'opérations de démobilisation de groupes armés grace auxquelles environ 8 000 enfants ont été démobilisés et remis à des structures et agences de réinsertion socioprofessionnelle des jeunes.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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