Dernière mise à jour à 08h49 le 14/08
Le président tunisien Béji Ca?d Essebsi a réclamé, dimanche à l'occasion de la célébration de la fête de la Femme, la révision d'une loi relative à la possibilité pour une Tunisienne de se marier avec non-musulman.
Lors d'une cérémonie officielle au palais de Carthage, M. Essebsi a invité le chef du gouvernement et le ministre de la Justice à réviser une circulaire qui date du 5 novembre 1973 interdisant à une femme tunisienne de se marier avec un étranger non-musulman.
"Je demande également au ministre de la Justice de mettre sous examen la circulaire numéro 73 du fait que nous avons plusieurs femmes tunisiennes mariées à des étrangers (...) la Constitution tunisienne autorise ce type de modification", a souligné le chef d'Etat tunisien.
Le président tunisien a mentionné également une éventuelle rectification de l'une réglementation portant sur l'égalité entre les deux genres pour ainsi toucher tous les domaines y compris l'héritage.
"Une commission vient d'être créée ce matin avec pour principales prérogatives la mise en place de l'égalité dans l'héritage", a dit le président de la République tunisien.
Connue pour être la Loi de la religion islamique, la Charia stipule que les hommes héritent deux fois plus que les femmes. Toutefois, l'égalité réelle entre les hommes et les femmes dans l'héritage offre, selon des observateurs locaux, plus d'avantages pour promouvoir les droits des femmes tunisiennes mais cela pourrait nourrir des conflits idéologiques.
"Il ne suffit pas de prendre la bonne décision, plut?t la bonne décision au bon moment (...) aujourd'hui, plus de 2.000 Tunisiens sont de retour de Syrie pour ainsi trouver dans leur patrie un terrain fertile pour le djihad" , a confié à Xinhua l'experte tunisienne en e-government, Asma Cherifi.
Membre de la Commission arabe des droits de l'Homme, Mme Cherifi se veut persuadée que l'évaluation de 60 ans de Code civil "pourrait donner, certes, plus de droits légaux à la femme à moins que cela ne nourrisse des pressions sociales" .
Attentive au discours du président de la République, Mme Cherifi estime qu'il s'agit d'un "faux problème" en Tunisie.
"Bon nombre de Tunisiennes sont mariées à des non-musulmans sans pour autant être refoulées ni par la société ni par l'Etat qui, voire même, reconna?t dans plusieurs cas les enfants," a-t-elle ajouté.
Ainsi, a-t-elle conclu, "l'enjeu aujourd'hui en Tunisie n'est autre que tout refus d'une femme tunisienne au mariage pourrait dorénavant être négativement apprécié à cause de la réglementation" .
Productrice au sein d'une compagnie d'assurances, Wafa Ben Jabrallah se range totalement parmi les voix féminines favorables à l'égalité de l'héritage entre l'homme et la femme en Tunisie.
"Je suis totalement pour cette révision de la loi (...) la femme tunisienne souffre d'un flagrant déséquilibre au titre de l'héritage d'autant que certains religieux per?oivent la femme avec un esprit de supériorité," a-t-elle expliqué.
Lors de son discours, le président tunisien Béji Ca?d Essebsi a également favorisé la candidature d'une femme à la présidentielle de 2019, indiquant que la femme tunisienne se trouve partout sur l'hiérarchie administrative et dans la plupart des hauts postes de décisions de l'Etat tunisien.
"Ayant fait preuve de compétence dans tous les domaines et partant de son sens de responsabilité et de gestion familiale, les femmes tunisiennes auront tous les atouts pour postuler la présidence" , a estimé Nesrine Arfaoui, surveillante au sein d'un centre public de formation professionnelle au grand-Tunis.