Le pouvoir et l'opposition en C?te d'Ivoire affichent de plus en plus leur disposition à "donner une chance" à la réconciliation nationale, un défi majeur pour une normalisation effective.
Les entités politiques accordent une grande attention à la Commission en charge de la réconciliation, dont le mandat vient d'être prolongé d'un an par une ordonnance du président Alassane Ouattara.
Pouvoir et opposition se sont également engagés chacun de son c?té à poser des actes allant dans le sens de la cohésion du tissu social qui s'était effrité avec la crise aigu? qui a secoué le pays.
DES ACTIONS FORTES
Le président ivoirien Alassane Ouattara a pris ces dernières semaines une série d'initiatives.
A la suite des appels successifs à l'endroit de ses compatriotes réfugiés et exilés, un mouvement de retour des Ivoiriens majoritairement pro-Gbagbo qui avaient trouvé refuge dans les pays limitrophes au plus fort de la crise, a été amorcé.
Outre les civils, plusieurs militaires officiers et sous-officiers pro-Gbagbo exilés ont également pris le chemin de retour.
"Dans le cadre de la réconciliation nationale, je réitère mon appel à tous les militaires exilés afin qu'ils rentrent au pays et rejoignent les rangs. C'est ici leur place, au sein de l'armée", avait déclaré le chef de l'état ivoirien lors d'une rencontre officielle.
"Il est mieux que nos compatriotes décident de rentrer par eux- mêmes. La C?te d'Ivoire est au travail et chaque citoyen est invité à prendre part au processus de reconstruction", avait-il souligné, se réjouissant que ces appels ont porté leurs premiers fruits, plusieurs civils et militaires ayant déjà regagné le pays.
Lors d'un conseil des ministres, le président ivoirien a décidé par ailleurs de dégeler les avoirs de ses opposants politiques.
Des organisations ont salué cet "acte fort" qui selon elles apportent une bouffée d'oxygène aux personnalités concernées et contribue à la décrispation.
En outre, la justice ivoirienne a ordonné la libération de nombreux détenus civils et militaires proches de l'ex-président Laurent Gbagbo.
Plusieurs organisations ont également per?u cette libération progressive comme un élément catalyseur de la réconciliation nationale.
UNE CAUSE NATIONALE
Pour l'opposition pro-Gbagbo, la réconciliation est une affaire nationale qui mérite une implication de tous les acteurs.
"Nous avons un certain nombre de propositions dans la perspective de faciliter la réconciliation nationale", a déclaré le président du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Gbagbo) Pascal Affi Nguessan, à plusieurs occasions.
M. Affi Nguessan s'est dit prêt à échanger avec la Commission chargée du dialogue et de la réconciliation sur la vision de l'opposition pro-Gbagbo relative à la réconciliation.
"Cette vision c'est le dialogue politique pour régler les questions issues des effets de la crise, ce sont les états généraux de la République afin de mobiliser l'ensemble des composantes de la nation pour examiner les causes de la crise, en tirer les le?ons, notamment sur les réformes politiques et institutionnelles. Cela permettra d'aller dans la paix aux prochaines élections afin de réengager la reconstruction dans la stabilité", a-t-il expliqué.
Pour celui-ci, la reconduction du mandat du président de la Commission est une marque de confiance.
"Cela signifie que cette commission a un r?le à jouer et le FPI est prêt à l'accompagner", a soutenu Pascal Affi Nguessan.
L' IMPLICATION DE L'ONU
Pour l'ONU, la réussite de l'oeuvre de réconciliation dépend de la volonté commune et de la contribution de l'ensemble des Ivoiriens.
La Représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en C?te d'Ivoire A?chatou Mindaoudou a ainsi exhorté toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens à s'impliquer résolument dans la mise en oeuvre du nouveau mandat de la Commission en charge du dialogue et de la réconciliation, au profit de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.
"L'ONUCI et l'ensemble du système des Nations Unies en collaboration avec la communauté internationale, continueront d'accompagner la C?te d'Ivoire sur le chemin de la réconciliation nationale, condition indispensable pour la consolidation de la paix et le développement durable", a-t-elle insisté.
La C?te d'Ivoire sort de manière progressive d'une crise post-électorale aigu? qui a secoué le pays en 2010 et 2011, faisant au moins 3 000 morts et un million de déplacés, et provoquant des clivages socio-politiques.
La réconciliation se présente comme l'un des défis majeurs à relever pour que le pays renoue de manière effective avec la normalité.
A plusieurs occasions, pouvoir et opposition ont été exhortés à s'y mettre, dans la perspective d'une décrispation et d'une paix durable.