Près de 5,3 millions d'électeurs sénégalais, sur une population totale estimée à 12 millions d' habitants, sont appelés aux urnes ce dimanche, pour choisir leurs élus locaux, après une campagne électorale de deux semaines qui a pris fin vendredi à minuit.
Les électeurs sénégalais vont élire au total 28.028 conseillers locaux sur un nombre record de 2.700 listes de candidats qui briguent la direction des 552 collectivités administratives ( communes et communes rurales) dans les 45 départements du pays.
L'organisation de ce scrutin, qui a nécessité notamment la confection de 100 millions de bulletins de vote, va couter à l' Etat sénégalais près de 15 milliards de francs CFA.
Les électeurs voteront entre 8 heures et 18 heures (heure locale et GMT) à travers 60.342 lieux de vote pour un total de 12. 378 bureaux de vote.
A la veille de ce scrutin, le président de la Commission électorale nationale autonome (CENA), Doudou Ndir, a appelé les Sénégalais à contribuer à la tenue d'un scrutin exempt de reproche.
Il a en outre annoncé que sa structure, chargée de veiller sur la tenue correcte du vote, va déployer sur l'ensemble du territoire national au total 7.000 superviseurs, renforcés par 13. 000 contr?leurs, pour couvrir ce scrutin.
Pour leur part, plusieurs organisations de la société civile sénégalaise ont promis de déployer des observateurs dans de nombreux centres de vote notamment dans la capitale et sa banlieue qui coptent le plus fort taux d'électeurs.
La campagne électorale, sans grand relief, a été marquée par des scènes de violences dans plusieurs localités du pays, ainsi que par le retour sur le terrain politique de l'ex-président Abdoulaye Wade (agé aujourd'hui de plus de 86 ans) qui a tenu à apporter son soutien à ses partisans dans plusieurs localités du Sénégal.
Les regards seront particulièrement tournés lors de ces élections vers la commune de Grand Yoff (populeuse localité de la proche banlieue dakaroise) où le maire sortant de la capitale, Khalifa Ababacar Sall, va affronter le Premier ministre, Aminata Touré. Il leur faudra impérativement gagner cette commune pour prétendre diriger la mairie de ville de Dakar (qui supervise toutes les communes de la capitale et sa banlieue).
Le scrutin dans la ville de Guédiawaye (banlieue de Dakar) sera également très suivi par les observateurs parce que Alioune Sall, jeune frère du président de la République, y dirige une liste de la majorité présidentielle pour devenir maire.
Les élections de dimanche vont marquer l'entrée en vigueur de l' Acte 3 de la Décentralisation, une nouvelle réforme des collectivités qui vise la communalisation intégrale du pays avec la disparition des conseils régionaux, remplacés par des conseils départementaux.
Le Sénégal comptait avant cette réforme, 14 régions, 45 départements, 133 arrondissements, 172 communes, dont 46 communes d'arrondissement (dans la région de Dakar et la ville de Thiès) et 385 communautés rurales.
En 2009, lors des dernières élections municipales, rurales et régionales, le Parti démocratique sénégalais (PDS, ancienne formation au pouvoir) et ses alliés réunis autour de la coalition Sopi ("changement" en langue Wolof) avait perdu des villes stratégiques dont Dakar et sa grande banlieue mais aussi des capitales régionales comme Thiès, Louga, Saint-Louis, Fatick, Kaolack et Kaffrine.
Ces villes sont contr?lées par des élus de la coalition Benno Siggil Sénégal (ensemble pour un Sénégal debout), une structure qui était devenue au second tour de la présidentielle de 2012 Benno Bokk Yaakaar (ensemble pour un espoir commun) pour porter le candidat Macky Sall au pouvoir.
La perte de ces grandes villes ainsi de nombreux chefs-lieux de département qui ensemble polarisent un fort taux d'électeurs a été un des signes précurseurs de la défaite du président Abdoulaye Wade, au second tour de la présidentielle du 25 mars 2012. Ce scrutin a été remporté par l'actuel chef d'Etat du Sénégal, Macky Sall avec plus de 65% des voix.