Dernière mise à jour à 10h30 le 12/11
Si de nombreuses multinationales telles que Procter & Gamble, Mondelez ou DuPont ont choisi la Suisse pour y installer leur siège européen, c'est parce qu'elles apprécient la stabilité générale du pays, selon Philippe Monnier, ancien directeur du Greater Geneva Bern Area (GGBa), l'agence de promotion économique de la Suisse occidentale.
Outre le fait que les grèves y sont extrêmement rares, "un autre aspect clé est la disponibilité d'une main-d'?uvre qualifiée, multilingue et très ouverte sur le monde. Il est important de noter que cette main-d'oeuvre provient du monde entier et pas seulement de Suisse", a-t-il confié lundi dans une interview exclusive à Xinhua.
La Suisse a également des p?les de compétitivité dans de nombreux secteurs : industrie pharmaceutique, biotechnologie, machines de précision, négoce, finance, etc. "Ces p?les incluent non seulement des entreprises sur toute la cha?ne de valeur, mais également des facultés universitaires correspondantes, ainsi que des organisations qui fédèrent tous les acteurs d'un secteur donné", a poursuivi l'auteur du livre "La promotion économique de la Suisse occidentale".
Jusque vers 2010, la faible fiscalité était l'argument clé pour attirer des entreprises étrangères en Suisse. "Néanmoins, notre fiscalité clémente a généré des fortes tensions avec nos voisins européens. Par conséquent, ces dix dernières années, nous avons connu une période d'incertitude fiscale. Heureusement, en 2019, nous avons mis sous toit une réforme de la fiscalité des entreprises approuvée par le peuple et acceptable pour nos voisins européens et l'OCDE", a-t-il indiqué.
Selon lui, grace à cette réforme, la Suisse continuera de se situer - fiscalement parlant - parmi les pays les plus attractifs au monde. A titre d'exemple, dès l'année 2020, les entreprises ne paieront que 12% à 14% sur les bénéfices dans de nombreux cantons. En plus, si ces entreprises ont des activités importantes de recherche et d'innovation, ce taux d'imposition pourrait encore baisser.
Si la Suisse est tellement attractive pour des sièges européens, la plupart des grandes sociétés chinoises préfèrent en revanche l'Allemagne. Cette dernière "est une grande nation industrielle qui jouit de bonnes relations avec la Chine" et "possède un grand marché", a dit M. Monnier pour qui une filiale en Allemagne "est souvent une nécessité".
"En revanche, la plupart des grandes sociétés mondiales ne choisissent pas l'Allemagne pour trois raisons principales : la grande difficulté de licencier des employés, la complexité administrative et l'imposition élevée pour les entreprises et les employés", a-t-il souligné.
A la question de savoir quels pays sont en compétition avec la Suisse pour attirer des sièges européens, Philippe Monnier mentionne les Pays-Bas. Selon lui, "ce petit pays est comparable à la Suisse, car il a une forte ouverture sur le monde ainsi qu'un bon climat d'affaires. Un autre concurrent important est l'Irlande" grace à "des co?ts relativement bas et une fiscalité attractive".
Quant aux faiblesses de la Suisse, il cite des "co?ts élevés, même si cela est largement mitigé par une fiscalité clémente et des charges sociales très basses". "En outre, il n'est pas aisé d'obtenir un permis de travail pour des employés non-européens", a reconnu celui qui anime à l'Université de Genève un cursus baptisé "Comment attirer et retenir les sociétés étrangères".