Dernière mise à jour à 10h59 le 25/11
Pendant plus d'une semaine, alors que les jours passaient sans nouvelles, les parents de 44 marins à bord d'un sous-marin de la Marine argentine disparu le 15 novembre espéraient un miracle. Mais, le 23 novembre matin est tombée une terrible nouvelle : une explosion a été enregistrée au fond de l'océan Atlantique, près du lieu de voyage du sous-marin, quelques heures seulement après la dernière communication du navire. Certains parents se sont alors évanouis. Certains ont violemment apostrophé les officiers de marine. D'autres sanglotaient bruyamment.
Il y avait aussi de la colère. Des familles ont déclaré que la marine a mal géré la situation en attendant pour lancer une recherche à grande échelle et en faisant miroiter des rapports sur d'éventuels appels téléphoniques par satellite du navire, ce qui s'est avéré faux. Et peut-être le pire de tout, ont-ils dit, est que l'Argentine a laissé son armée se dégrader jusqu'à un point confinant à l'insouciance. ? Depuis 15 ans, la marine a été négligée ?, a affirmé Itatí Leguizamón, l'épouse de Germán Oscar Suárez, opérateur radar sur le navire. Des navires américains, britanniques, brésiliens et chiliens ont passé au peigne fin les mers dans le cadre de la recherche alors que, selon Jane's Researches, les quatre avions de patrouille maritime P3-B de la marine argentine étaient immobilisés et indisponibles.
Si la Marine n'a pas officiellement abandonné l'espoir de retrouver l'équipage, les parents ont déjà commencé à parler de leurs proches au passé. En cas de disparition confirmée des marins, ce serait la catastrophe la plus meurtrière depuis le naufrage du Koursk -un batiment russe coulé par un missile défaillant en 2000- et la plus grande perte de vies de l'armée argentine depuis la guerre des Malouines de 1982. Pour des proches des marins, l'utilisation de sous-marins en service depuis le début des années 1980 ? constitue un pari sur la vie de notre peuple ?.
De fait, l'Argentine a dépensé moins que plusieurs de ses voisins en matière défense depuis la fin du régime militaire en 1983. Malgré les promesses du Président Mauricio Macri, entré en fonction il y a près de deux ans, les efforts pour réparer et remplacer les avions et les navires vieillissants du pays n'en sont qu'à leurs débuts. L'année dernière, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l'Argentine a dépensé environ 1% de son produit intérieur brut pour son armée, derrière des voisins comme le Chili, qui a dépensé 1,9%, et le Brésil, qui a dépensé 1,3%. Le San Juan, un batiment diesel-électrique fabriqué en Allemagne, a été construit en 1983 et mis en service pour la première fois en 1985. Il a été remis en service en 2014 après une rénovation, et devait revenir dimanche à son port d'attache à Mar del Plata, à environ 400 km au Sud de Buenos Aires.