Dernière mise à jour à 08h32 le 18/04
Les procureurs sud-coréens ont formellement inculpé lundi l'ex-Présidente Park Geun-hye pour corruption de haut niveau, une accusation susceptible de l'envoyer en prison pour le reste de ses jours. Cette nouvelle constitue la dernière d'une série d'humiliations pour Mme Park, qui a été chassée du pouvoir par des manifestations populaires massives et pacifiques. Elle avait été mise en accusation à la fin de l'année dernière, officiellement destituée en mars et est incarcérée depuis dans un centre de détention près de Séoul après son arrestation le mois dernier sur des allégations selon lesquelles elle aurait agi de connivence avec une confidente pour extorquer des entreprises, recevoir des pots-de-vin et commettre d'autres actes répréhensibles.
L'acte d'accusation des procureurs de Séoul couvre de multiples accusations, comme l'abus de pouvoir, l'extorsion, la corruption et la fuite de secrets d’état. Park Geun-hye restera emprisonnée et sera escortée depuis le centre de détention jusqu'à un tribunal de Séoul pour un procès qui commencera dans les prochaines semaines et pourrait durer jusqu'à six mois. On ne sait toujours pas clairement si le procès commencera avant les élections spéciales du 9 mai qui désigneront son successeur. Les procureurs ont également accusé Shin Dong-bin, le président du Lotte Group, le 5e conglomérat d'affaires de Corée du Sud, d'avoir offert un pot-de-vin de 7 milliards de Wons (6 millions de Dollars US) à Mme Park et à sa confidente en échange d'une lucrative licence publique pour l'ouverture d'un nouveau magasin hors taxes.
Park Geun-hye, agée de 65 ans, a été élue première Présidente de Corée du Sud à la fin de 2012. Le pays va maintenant la voir forcée de se tenir debout devant les tribunaux tout en étant menottée, attachée à une corde et peut-être même revêtue d'une tenue pénitentiaire. Si elle est reconnue coupable, l'accusation de corruption qui pèse sur elle comporte la plus grande peine légale, allant de 10 ans à la réclusion à perpétuité. Bien qu’impopulaire parmi de nombreux Sud-coréens, Mme Park compte néanmoins toujours des partisans, et certains politiciens et médias conservateurs exigent déjà que les autorités la pardonnent si elle est reconnue coupable, comme la Corée du Sud l'a fait pour deux de ses anciens dirigeants condamnés à la fin des années 1990 dans une tentative de réconciliation nationale au milieu d'une crise financière, sans parler que la justice sud-coréenne avait jusqu'à récemment fait preuve de clémence quant à la punition de magnats corrompus, craignant que cela ne porte atteinte à l'économie.
Bien que les enquêtes montrent que la majorité des Sud-coréens ont soutenu la révocation de Mme Park et son arrestation, certains de ses derniers supporters ultra-conservateurs organisent toujours des rassemblements au centre-ville de Séoul tous les week-ends. Ce genre de rassemblements pourrait faire pression sur celui, quel qu'il soit, qui lui succédera. Le nouveau leader sera également confronté à des menaces nucléaires nord-coréennes croissantes et à divers problèmes économiques. Le scandale Park a déclenché d'énormes troubles politiques en Corée du Sud, des millions de personnes descendant dans les rues demandant son départ pendant des mois avant que ses partisans ne lancent leurs propres manifestations. Des dizaines de personnages de haut niveau, dont Choi Soon-sil, une amie de 40 ans de Park Geun-hye, les principaux responsables de l'administration et l'héritier de Samsung Lee Jae-yong ont déjà été inculpés et attendent chacun leur procès pénal séparé.
Park Geun-hye et Choi Soon-sil auraient conspiré avec l'un des meilleurs conseillers présidentiels de l'ex-présidente pour faire pression sur 18 groupes d'entreprises, dont Samsung, pour faire don de 77,4 milliards de Wons (69 millions de Dollars US) pour le lancement de deux fondations à but non lucratif contr?lées par Choi. Les procureurs accusent également les deux femmes d'avoir re?u des pots-de-vin de Samsung et Lotte et d'avoir placé sur liste noire des artistes critiques du gouvernement Park pour leur refuser le soutien de l'état. L'ex-Présidente a nié tout acte répréhensible juridique, arguant qu'elle n'avait re?u l'aide de Choi que pour rédiger des discours présidentiels et pour ses relations publiques. Park Geun-hye est la fille du dernier dictateur Park Chung-hee, l'une des figures les plus clivantes de l'histoire sud-coréenne. Certains se souviennent de lui comme celui qui a violé les droits de l'homme sans pitié, tandis que d'autres le créditent d'avoir permis à la Corée du Sud de conna?tre une croissance économique rapide dans les années 1960-1970. Les critiques disent d'ailleurs que l'élection de Mme Park en 2012 n'aurait pas eu lieu sans la nostalgie des conservateurs pour son père.