Dernière mise à jour à 08h54 le 06/02
Alors même que Donald Trump n'a pas encore achevé son premier mois de présidence, les luttes partisanes se poursuivent avec acharnement à Washington, les Démocrates s'opposant de toutes leurs forces au nouveau président américain.
Les Démocrates ont été sonnés par la victoire de M. Trump sur sa rivale démocrate Hillary Clinton en novembre dernier, une victoire qui a également surpris la grande majorité des sondeurs et des experts.
Afin d'exprimer leur désaveu du milliardaire new-yorkais et de sa politique, un certain nombre de Démocrates se sont joints aux manifestations contre M. Trump, ou ont refusé d'assister à son investiture il y a deux semaines. Nancy Pelosi, chef des Démocrates à la Chambre des Représentants, est notamment à la tête de la fronde contre la récente interdiction d'entrée sur le sol américain décrétée par M. Trump envers les ressortissants de sept pays à majorité musulmane où sévit le terrorisme, une interdiction considérée comme une mesure anti-musulmans.
Des Républicains et des experts ont cependant rétorqué que cette interdiction ne concernait pas des millions d'autres musulmans, dans nombre d'autres pays à travers le monde.
Selon certains experts, les Démocrates ne parviennent pas à comprendre pourquoi les électeurs ont choisi M. Trump, et attaquent le nouveau président par tous les moyens possibles, dans l'espoir de regagner le soutien des Américains après une défaite électorale massive. D'autres ont relevé que les Républicains s'étaient eux aussi attachés à bloquer toutes les mesures de l'ancien président Barack Obama lorsque celui-ci avait été élu pour la première fois il y a huit ans.
"Les Démocrates ont décidé de s'opposer à presque tout ce que proposera M. Trump", a déclaré à Xinhua Darrell West, chercheur éminent au sein de la Brookings Institution.
Cela signifie qu'il sera très difficile pour Donald Trump de faire passer les mesures qui exigent une majorité de 60 votes sur 100 pour surmonter les motions d'obstruction des Démocrates au Sénat, a souligné M. West, expliquant que les règles du Congrès pourraient ainsi rendre les choses très difficiles pour M. Trump.
"Il pourra passer des lois budgétaires au moyen d'une majorité simple, mais toute autre mesure politique va être difficile pour lui. Je pense que cela va se poursuivre tout au long de sa présidence", a-t-il estimé.
Les critiques ont également souligné que le nouveau président n'avait pas fait grand-chose pour tenter d'apaiser ses adversaires, rendant probable le maintien d'une forte opposition.
"Il a fait très peu pour se concilier ses adversaires, donc leur opposition n'en deviendra probablement que plus forte encore", a affirmé M. West.
Le stratège républicain Ford O'Connell a expliqué à Xinhua que les Démocrates se plaindraient des décisions de M. Trump quoi que celui-ci fasse, dans le but de gagner davantage de soutien auprès des électeurs.
Les sondages révèlent que les Américains en ont assez des rivalités partisanes à Washington. Certains soulignent que ces rivalités font partie intégrante du système de gouvernement américain, même si elles peuvent parfois faire obstacle au progrès.
"Un certain niveau de rivalité partisane est une bonne chose pour la démocratie. Une compétition vigoureuse promeut le développement d'idées nouvelles, et permet aux électeurs de mieux comprendre en quoi les deux partis s'opposent sur les questions essentielles. Cependant, si cela va trop loin, une logique partisane poussée à l'extrême affaiblit le système politique, et rend très difficile la résolution des problèmes les plus importants", a souligné M. West.
L'échec de la classe politique à voter des lois pourtant élémentaires ne fait que renforcer le cynisme des électeurs, les amenant à penser que rien de bon ne peut venir de Washington, a-t-il ajouté.
Parmi les prochains sujets de dissension, on peut notamment citer le mur dont M. Trump a ordonné la construction à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Il a même demandé au Mexique d'en financer la construction, en dépit de la ferme opposition de ce dernier.
Les principaux adversaires de ce projet - dont le gouvernement mexicain et les Démocrates américains - ont fait front commun contre le mur, arguant qu'il s'agissait d'un projet aussi cher qu'inefficace.
Les Démocrates décriront probablement le mur comme un projet beaucoup trop co?teux, mais aussi comme une mauvaise décision politique.
"Ils diront que les Républicains gaspillent de l'argent sur des politiques peu judicieuses, tout en supprimant les programmes d'aide à la classe moyenne. Ils diront que le mur est mauvais pour la politique étrangère, et détruira nos relations avec le Mexique", a-t-il prédit.