Dernière mise à jour à 09h41 le 28/05
Les dirigeants du Groupe des Sept (G7, sept pays les plus industrialisés) n'ont pas pu atteindre de consensus sur les moyens de stimuler l'économie mondiale à l'issue de leur sommet qui a pris fin vendredi, tandis que le Japon n'a épargné aucun effort pour promouvoir ses propres intérêts.
DIVERGENCES SUR LES MOYENS DE STIMULER L'ECONOMIE
Au cours de ce sommet qui s'est tenu jeudi et vendredi dans la ville japonaise d'Ise-Shima (centre), le Japon a appelé à une augmentation des dépenses publiques, tandis que l'Allemagne s'est montrée dubitative face à une politique fiscale assouplie, pr?nant en revanche qu'on se consacre davantage aux réformes structurelles.
Lors d'une session plénière, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a indiqué que l'économie mondiale était confrontée au risque de sombrer dans la "crise", rappelant l'ambiance lors du précédent sommet du G7 organisé au Japon en 2008, quelques mois avant la faillite de la banque Lehman Brothers qui a déclenché une crise financière à l'échelle mondiale.
En réponse, la chancelière allemande Angela Merkel a semblé douter que la situation actuelle soit suffisamment grave pour qu'on utilise le terme de "crise", selon l'AFP qui cite un haut responsable japonais.
Mme Merkel a exprimé à maintes reprises son opposition à l'idée que les principaux pays industrialisés du monde doivent augmenter leurs dépenses pour faire face au ralentissement de l'économie mondiale, préconisant en revanche une réduction de la dette publique.
Dans son communiqué final diffusé vendredi, le G7 réitère que la croissance mondiale est sa "priorité absolue" et qu'il est déterminé à adopter "une panoplie de mesures énergiques et équilibrées" afin de retrouver "un modèle de croissance plus robuste, durable et équilibré" en tenant compte des circonstances de chaque pays, tout en poursuivant les efforts pour ramener les dettes publiques à un niveau soutenable.
Takao Kamakura, professeur à l'Université de Saitama au Japon, estime qu'à l'instar de la réunion des ministres des Finances du G7 le week-end dernier, le sommet du G7, qui n'est pas parvenu à atteindre un consensus sur les questions économiques, a enregistré peu de résultats permettant d'améliorer l'économie mondiale.
LE JAPON CHERCHE A PROMOUVOIR SES PROPRES INTERETS
Tokyo n'a pas ménagé ses efforts pour promouvoir ses propres intérêts, utilisant le sommet de Shima pour justifier le retard dans l'annonce prévue d'une nouvelle hausse de la taxe sur la consommation et pour détourner l'attention des questions économiques domestiques.
Pour la seconde fois, M. Abe a en effet décidé de retarder son annonce sur l'entrée en vigueur d'une nouvelle hausse de la TVA prévue pour avril 2017, ont rapporté vendredi les médias nippons, citant des sources proches du Premier ministre.
La décision aurait d? être annoncée à compter de lundi prochain. Le relèvement du taux pourrait désormais être repoussé de 18 à 24 mois, soit jusqu'à l'automne 2018 lorsque prendra fin le mandat d'Abe à la tête du Parti libéral-démocrate, selon l'agence Kyodo News.
Le Japon a décidé en 2012 d'augmenter de trois points la TVA, passant à 8%, pour le mois d'avril 2014, puis à 10% pour octobre 2015, afin d'augmenter les recettes fiscales et de revenir à un excédent budgétaire d'ici l'exercice 2020.
M. Abe a repoussé en novembre 2014 l'idée d'augmenter à nouveau la TVA dans un contexte de faible croissance économique. Il a dit à plusieurs reprises depuis que seules "une crise financière similaire à la crise Lehman de 2008 ou des catastrophes telles que le tremblement de terre et le tsunami en 2011" pourraient justifier cet ajournement.
Le chef du gouvernement japonais avait indiqué un peu plus t?t que le résultat du sommet du G7 serait un facteur dans sa décision. En expliquant aux autres dirigeants du G7 que les conditions économiques mondiales actuelles ressemblaient à "la situation avant Lehman", il a cherché des excuses pour retarder la hausse de la TVA.
Ce délai supplémentaire est susceptible de freiner les efforts du Japon pour poursuivre son assainissement budgétaire, alors que sa santé financière est la plus mauvaise parmi les grandes économies industrialisées avec une dette publique équivalent à plus de 200% de son PIB.
En outre, le Japon, en tant qu'h?te du sommet du G7, a dévié de l'ordre du jour du sommet, qui devait porter sur les questions économiques, en introduisant des thèmes comme la question de la mer de Chine méridionale, ce qui ne favorise en rien le développement du mécanisme du G7, mais qui porte atteinte à la paix et à la stabilité de la région.
M. Abe a également présenté d'autres sujets liés à ses priorités politiques, y compris le combat contre le terrorisme et les pandémies, la construction d'infrastructures et l'accent sur l'emploi des femmes, une politique surnommée "womenomics" dans son pays.