Dernière mise à jour à 08h37 le 17/12
L'Unesco a présenté mercredi un Rapport sur la transformation du paysage culturel mondial dix ans après l'adoption de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Adoptée en 2005 par l'Unesco, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles est entrée en vigueur en 2007. Elle compte désormais 141 Etats signataires, auxquels s'ajoute l'Union européenne.
Favoriser l'accès équitable à un large éventail d'expressions culturelles provenant du monde entier : ce principe directeur de la Convention vise à atteindre un échange équilibré des biens et services culturels dans le monde. Or, dix ans après l'adoption de la Convention, le secteur reste largement dominé par les pays industrialisés, selon le Rapport.
Sur les 212,8 milliards de dollars que représentent les exportations mondiales de biens culturels, la part des pays en développement représente 46,7%, contre 25,6% en 2004. Cette progression spectaculaire est largement portée par les exportations culturelles de la Chine et de l'Inde, ces deux pays faisant de plus en plus concurrence aux pays développés. Sans eux, la part de marché des pays en développement pour les exportations mondiales de biens culturels n'a augmenté que de 5% entre 2004 et 2013.
L'expansion des réseaux sociaux et des contenus produits par les utilisateurs, la généralisation des appareils multimédias connectés, l'explosion de la quantité de données disponibles ont fait appara?tre de nouveaux acteurs et de nouvelles logiques. Cette révolution n'est pas le seul fait des pays industrialisés : de nombreuses régions du Sud ont fait des progrès considérables, notamment dans le domaine de la connectivité. En Afrique, le taux de pénétration de la téléphonie mobile a ainsi été multiplié par trois entre 2007 et 2012.
Mais ces évolutions se font en partie au détriment de la diversité linguistique. En effet, 80% des contenus en ligne sont en anglais, chinois, espagnol, japonais, portugais, allemand, arabe, fran?ais, russe et coréen. Autre défi soulevé par le Rapport : la montée en puissance de géants du web peut fragiliser l'accès à une diversité de choix culturels. "Bien que les plate-formes fournissent une large gamme d'offres culturelles, le fait que celles-ci contr?lent non seulement les ventes, mais aussi la communication et les algorithmes de recommandations, pose problème", fait savoir le Rapport.
Le Rapport souligne également que la Convention de l'Unesco est utilisée de fa?on croissante dans les grands accords commerciaux de libre échange pour faire valoir la spécificité des biens et services culturels. Mais de nombreux progrès restent à accomplir dans d'autres domaines, notamment pour favoriser la place des femmes dans certaines professions culturelles, faciliter la mobilité des artistes du Sud, et pour intégrer la dimension culturelle dans les stratégies de développement durable.