Avec la victoire écrasante de son parti aux élections de la chambre basse de dimanche, le Premier ministre japonais Shinzo Abe doit décider comment traiter l'alarmante dérive vers la droite de son pays, une réalité qui devient de plus en plus un handicap pour Tokyo à long terme.
Selon les résultats définitifs du dépouillement des votes, la coalition dirigée par le Parti libéral-démocrate a remporté 325 sièges à la Chambre des représentants qui compte 475 sièges, marquant une victoire écrasante qui donnerait à Abe un troisième mandat à la tête du pays jusqu'en 2018.
Cependant, bien qu'enivré par cette béatitude électorale, le Premier ministre doit retenir que le vote reflète le désir de stabilité politique des électeurs, plut?t qu'un accord avec les agendas diplomatiques et de sécurité de plus en plus nationalistes de Tokyo.
En fait, le public a été choqué par les interactions froides du pays avec presque tous ses voisins asiatiques de l'Est, comme le démontre le faible taux de participation de cette année.
En 2014 seulement, le pays insulaire a irrité ses pays voisins à maintes reprises, à travers entre autres des visites flagrantes de membres du cabinet et de législateurs au sanctuaire de Yasukuni, et leurs dénégations flagrantes du système de "femmes de réconfort" dans lequel plus de 20.000 femmes étrangères ont été forcées à servir d'esclaves sexuelles pour l'armée impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
Outre ces provocations, le Japon a également exaspéré la région en appelant à la levée de l'interdiction à l'auto-défense collective dans une tentative de permettre au pays de se battre à l'étranger, détruisant pratiquement la constitution pacifiste d'après-guerre.
Ces manoeuvres offensives ont refroidi les relations politiques entre le Japon et ses voisins, et ont eu des conséquences graves sur l'économie du pays, en difficulté et fortement dépendante des exportations.
En outre, les fréquentes frictions et les rares échanges de haut niveau du Japon avec ses voisins irrités menacent de plus en plus la stabilité régionale et a attiré une réaction négative de la part des Etats-Unis, son allié principal.
Avec toutes ces conséquences en vue, pas étonnant que Abe a demandé une rencontre avec le président chinois Xi Jinping lors du forum de l'APEC le mois dernier, après que les deux parties sont parvenues à un accord en quatre points pour apaiser les tensions.
Toutefois, la réalisation d'un rapprochement avec ses voisins exige plus d'initiative de la part de Tokyo, qui doit être honnête face aux atrocités commises en temps de guerre, fidèle à sa Constitution pacifiste, et prudent dans les différends territoriaux latents.
Alors que la région volatile se prépare à son entrée dans l'année 2015, il est fortement conseillé et impératif que Tokyo fasse face à ses responsabilités, se débarrasse de son idéologie de droite et traduise son engagement diplomatique en actions concrètes. Maintenant que Abe a assumé le mandat, ces responsabilités lui reviennent.