Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a envoyé vendredi une offrande au sanctuaire controversé Yasukuni, à l'occasion du début du festival d'automne, qui dure quatre jours.
M. Abe, actuellement en Italie pour la Réunion Asie-Europe, ne s'est pas personnellement rendu au sanctuaire qui honore des millions de morts de guerre ainsi que 14 criminels de guerre de classe A, mais y a plut?t dédié un arbre "masakaki" à titre de "Premier ministre".
La manoeuvre est tout de même jugée provocatrice.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei a affirmé que Beijing est "fermement opposé" autant aux visites qu'aux offrandes de M. Abe, expliquant que "c'est seulement si le Japon fait face à l'histoire en toute sincérité, réfléchit profondément à son passé d'agression et limite son militarisme de fa?on évidente, que les relations sino-japonaises pourront réaliser un développement sain et stable".
La Corée du Sud a également critiqué la manoeuvre de M. Abe, déclarant que les dirigeants politiques japonais "devraient se rappeler qu'ils rejettent la prémisse et l'ordre international, en vertu desquels le Japon a réintégré la société internationale après la guerre, en montrant leur respect et leur gratitude au sanctuaire qui honore des criminels de guerre de classe A".
"A une époque où le Japon cherche à réparer ses liens avec la Chine et la Corée du Sud face à des questions territoriales et historiques, il est difficile de comprendre le mobile des dirigeants du Japon de continuer à s'attacher à un symbole des crimes et de la brutalité militaires qui sert à glorifier les horribles actes de barbarisme et une idéologie ultra-nationaliste", ont indiqué des observateurs à Tokyo.
L'offrande de M. Abe a été suivie d'une prière d'un groupe de 110 législateurs issus de divers partis. Le groupe comprenait des membres du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) ainsi que du Parti démocrate du Japon et du Parti pour les générations futures (opposition).
Le ministre de la Santé, Yasuhisa Shiozaki, a également offert un arbre "masakaki", et Seiichi Eto, un conseiller spécial de M. Abe, a lui aussi visité le sanctuaire.
Parmi les membres du cabinet, la ministre des Affaires intérieures et de la Communication, Sanae Takaichi, a ouvertement affiché son intention de visiter le sanctuaire au cours du festival. Elle entretient une relation politique étroite avec M. Abe et est l'une des cinq femmes à avoir été assignée à un ministère par M. Abe lors du remaniement du cabinet du mois dernier.
Mais la position de Mme Takaichi a incité les législateurs du Parti Komeito, le partenaire de coalition du PLD, à l'exhorter à faire preuve de retenue. Il n'est pas clair si Mme Takaichi insistera pour visiter le sanctuaire controversé lors du festival semi-annuel qui aura lieu de vendredi à lundi.