Les remarques provocatrices faites à l'intention de la Chine par le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, lors d'un forum régional de sécurité, ne favorisent pas la paix et la stabilité régionales, a déclaré dimanche un général chinois à la tête de la délégation de la Chine au Dialogue de Shangri-La.
Dans son discours prononcé au troisième jour du Dialogue de Shangri-La, à Singapour, Wang Guanzhong, chef adjoint de l'état-major général de l'Armée populaire de libération de Chine (APL), a annoncé qu'il avait préparé un discours pour donner des précisions sur l'approche et le cadre de sécurité commune et de coopération en matière de sécurité en Asie que la Chine avait récemment proposés, mais qu'il était contraint de s'écarter de ce discours pour répondre aux remarques.
"Mon sentiment est que MM. Abe et Hagel chantent en ch?ur. Ils agissent de concert et saisissent l'occasion de s'exprimer en premier au Dialogue de Shangri-La afin de prendre l'initiative de provoquer et défier la Chine", a déclaré le général Wang.
M. Hagel a critiqué la Chine en l'accusant de prendre des mesures unilatérales en mer de Chine méridionale, et a déclaré que les Etats-Unis maintiendraient leur leadership dans la région Asie-Pacifique et défendraient les intérêts de leurs alliés.
Il a également invoqué de nouveau le prétexte américain consistant à se dire préoccupé de la liberté de navigation et du respect du droit international en mer de Chine méridionale.
M. Wang a indiqué qu'il ne s'attendait pas aux formules hégémonistes et aux propos d'intimidation du discours de M. Hagel.
"Son discours visait à attiser l'instabilité et à encourager les tensions dans la région Asie-Pacifique. Cette attitude n'est pas constructive", a déclaré le général chinois.
Aucun conflit ou incident n'a été provoqué par la Chine depuis longtemps sur les questions de souveraineté et sur les affaires maritimes, a-t-il souligné.
Pour sa part, M. Abe a prononcé un discours vendredi soir contenant un grand nombre de commentaires à peine voilés visant la Chine.
Le chef du gouvernement japonais a annoncé comment il avait l'intention de réviser et de repousser les limites de la Constitution pacifiste du Japon, mise en place après la Seconde Guerre mondiale, et comment il souhaitait faire jouer un plus grand r?le au Japon dans le domaine de la sécurité en Asie en plaidant pour une "paix proactive" et en donnant des patrouilleurs aux Philippines et au Vietnam pour appuyer leurs revendications maritimes.
M. Wang a rétorqué qu'il était évident que les remarques de M. Abe, pleines de sous-entendus, étaient destinées à la Chine.
"M. Hagel a été assez franc. Il a carrément critiqué la Chine ouvertement, bien que sans fondement. Mais j'aime assez sa fa?on de parler. Si vous voulez dire quelque chose, il vaut mieux le dire directement", a-t-il remarqué.
"En tant que Premier ministre, M. Abe a été invité au Dialogue de Shangri-La par les organisateurs pour prononcer un discours. Il aurait pu respecter l'objectif de facilitation du dialogue du forum et chercher à promouvoir la paix et la sécurité dans la région Asie-Pacifique. Il aurait pu émettre des suggestions constructives, mais, contrairement à l'esprit du Dialogue, il a provoqué des incidents et ravivé des différends", a affirmé M. Wang.
"Je pense que cela est inacceptable et ne correspond pas à l'esprit du Dialogue", a-t-il ajouté.
M. Wang a fait remarquer que la Chine n'avait jamais pris l'initiative d'attiser des différends à l'occasion du Dialogue de Shangri-La.
"Si vous regardez également ce que les Etats -Unis et le Japon ont fait, il n'est pas difficile de voir qui a pris l'initiative de chercher les querelles et d'attiser les différends et les conflits. A partir des discours de MM. Abe et Hagel, nous pouvons voir qui est agressif en réalité. Ce sont les Etats-Unis et le Japon qui s'associent, et pas la Chine", a-t-il souligné.
Malgré la dureté des propos des Etats-Unis et du Japon, le général Wang a plaidé en faveur de la coopération et de la coordination pour garantir la paix et la stabilité régionales.
La Chine et les Etats-Unis ont des intérêts communs dans un monde où les pays sont de plus en plus interdépendants, et le président chinois, Xi Jinping, a récemment proposé une approche de sécurité commune et de sécurité durable en Asie qui exige une coopération en matière de sécurité et un développement mutuellement bénéfique pour guider les efforts visant à garantir la paix et la stabilité dans la région.
Le Dialogue de Shangri-La, ou "Sommet sur la sécurité asiatique", est organisé par l'Institut international d'études stratégiques, un groupe de réflexion basé à Londres. Le Dialogue a réuni des représentants issus des milieux militaires et de défense ainsi que des chercheurs de 27 pays de la région Asie-Pacifique et d'ailleurs.