Dernière mise à jour à 10h18 le 03/12
Jugeant que "le monde a besoin de coopération plut?t que de gouvernance", Yan Xuetong, directeur de l'Institut des études internationales de l'Université Tsinghua à Beijing, estime que "la coopération sino-fran?aise pourrait servir de modèle à la coopération internationale".
M. Yan a tenu ces propos à l'occasion du colloque "Les relations Chine-France et Chine-Europe à l'horizon 2020" organisé jeudi à Beijing par le ministère chinois des Affaires étrangères, en partenariat avec l'Institut des affaires étrangères du peuple chinois.
Ce colloque, qui a attiré des dizaines d'experts et de chercheurs spécialisés dans les relations sino-fran?aises, sino-européennes ou internationales, s'est principalement concentré sur trois sujets : les relations Chine-France et Chine-Europe dans un monde en mutation, la transition et la montée en gamme de la coopération sino-fran?aise et, enfin, les relations sino-fran?aises et la gouvernance mondiale.
Selon M. Yan, par leur coopération, la Chine et la France "doivent s'efforcer de maximiser les impacts positifs de la mondialisation et de minimiser ses impacts négatifs afin de montrer au monde qu'ils peuvent tirer profiter de ce phénomène et servir ainsi de modèle à la coopération internationale".
M. Yan appelle donc les deux pays à développer leur coopération dans le domaine politique en renfor?ant leurs échanges dans la lutte contre la corruption, la criminalité et le terrorisme, dans le domaine des technologies en protégeant l'environnement et en utilisant les énergies propres ou encore dans le domaine de la culture.
Le président de l'association fran?aise Société et Stratégie, Eric Pougin de la Maisonneuve, a dit partager le point de vue de M. Yan. L'ancien général a indiqué que la coopération franco-chinoise peut avoir un retentissement mondial et être en mesure d'assurer au "couple franco-chinois" une influence décisive sur les affaires du monde. "Les relations sino-fran?aises doivent être protégées et développées", a-t-il souligné.
Barthélémy Courmont, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), a pour sa part noté que Paris et Beijing "s'accordent sur la nécessité de définitivement tourner la page de l'unipolarité et de promouvoir une multipolarité" qui est dans leur intérêt.
"A ce titre, les deux pays mettent en avant la question de la responsabilité sur la scène internationale, mais insistent sur des mécanismes qui ne sont pas nécessairement les mêmes, mais sont potentiellement complémentaires", a précisé M. Courmont, soulignant que la France et la Chine "peuvent dialoguer non seulement autour d'une gouvernance mondiale, mais d'une vraie coopération internationale".
Aux yeux de l'économiste fran?ais Jean-Paul Tchang, par ailleurs co-fondateur et ancien rédacteur en chef de la Lettre de Chine, la France et la Chine, "partenaires stratégiques, entretiennent des relations étroites à travers le Dialogue économique et financier de haut niveau initié depuis 2013 et dont la 4e édition vient d'avoir lieu à Paris. Ils se concertent aussi à travers les plateformes multilatérales comme le G20 organisé cette année à Hangzhou sous la présidence chinoise".
"Il faut créer et consolider un dialogue franc et direct, fondé sur la vérité, le respect de l'autre et de ses intérêts, l'identification des domaines d'intérêts communs, ne pas mélanger ou opposer défense des intérêts et défense des systèmes de valeurs. Cela vaut pour la France comme la Chine", a poursuivi M. Tchang.
Dai Bingguo, ancien conseiller d'Etat chinois, s'est dit confiant lors de son discours d'ouverture au colloque dans l'avenir des relations sino-fran?aises. Il a appelé les deux pays à renforcer leur amitié et leur coopération afin que leurs relations bilatérales connaissant de nouveaux développements face aux évolutions de la situation internationale.
L'ancien conseiller d'Etat chinois a par ailleurs appelé les deux pays à s'efforcer de promouvoir une réforme des organisations internationales, telles que l'ONU, la Banque mondiale, le FMI et le G20 afin de prévenir plus efficacement les conflits et d'avoir une meilleure coopération au sein de la communauté internationale en vue de batir un monde plus paisible, plus inclusif et plus prospère.