Dernière mise à jour à 08h24 le 12/11
La Chine et l'Afrique, deux partenaires qui ont respectivement lancé en 2015 leurs plans quinquennal et décennal visant à guider le développement socio-économique à long terme, pourraient assister à un raffermissement de leur communauté d'intérêt commun, se fondant sur les principes d'avantage réciproque et de coopération gagnant-gagnant.
DEUX DOCUMENTS DE DEVELOPPEMENT PHARES
D'ici 2020, la Chine devrait construire "une société relativement prospère" en maintenant une croissance de l'ordre de 6,5%, donnant un r?le dominant à la consommation domestique en tant que moteur économique et en insistant sur l'innovation, la coordination, le développement vert, l'ouverture et le partage, a-t-on appris du 13e Plan quinquennal de développement publié début novembre par le Parti communiste chinois (PCC).
Parallèlement, en juin dernier, les dirigeants de l'Union africaine (UA) ont conclu le premier plan de mise en oeuvre sur 10 ans de "l'Agenda 2063", qui vise à "assurer une transformation socio-économique positive de l'Afrique dans les 50 années à venir". Un réseau de chemin de fer à grande vitesse, le grand barrage d'Inga, l'unification du marché de l'aviation africain, la libre circulation des personnes et du passeport africain, la création d'une zone de libre-échange continentale, et la fin des conflits armés ont été programmés pour 2020.
Les deux documents phares exerceront une influence particulièrement importante dans un contexte où le volume des échanges commerciaux sino-africains pourrait approcher cette année la barre de 300 milliards de dollars, a-t-on appris du Forum industriel Chine-Afrique (FICA) qui s'est ouvert lundi dernier à Beijing.
Le commerce Chine-Afrique ne représentait que 10 milliards de dollars en 2000, mais ce chiffre a bondi à 220 milliards de dollars en 2014. La Chine a l'ambition de voir ce volume progresser à 400 milliards de dollars d'ici 2020, a déclaré Yang Fuchang, ancien vice-ministre chinois des Affaires étrangères, lors de la 4e session d'ouverture du FICA.
En effet, la Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis 2009.
Par ailleurs, les investissements chinois en Afrique ont connu un taux de croissance annuel moyen de plus de 20%. A la fin de l'année 2014, les investissements directs chinois en Afrique étaient de 30 milliards de dollars, près de 60 fois le volume des investissements en 2000 (500 millions de dollars), selon les données statistiques officielles de la Chine.
LE SECTEUR MANUFACTURIER, NOUVELLE DESTINATION DES INVESTISSEMENTS CHINOIS
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en juillet dernier, les investissements chinois en Afrique s'étendent de plus en plus vers le secteur manufacturier, dans le cadre d'une diversification croissante des investissements du pays asiatique, jadis essentiellement concentrés sur les secteurs agricoles et miniers.
Il est probable que davantage de compagnies chinoises externalisent leurs activités manufacturières à forte intensité de main d'oeuvre pour faire face à la concurrence accrue, à l'augmentation des co?ts et à une plus grande qualification de la main d'oeuvre chinoise.
Par conséquent, l'Afrique est en bonne position pour tirer bénéfice de ce développement si elle met en place un climat d'investissement favorable pour les entreprises manufacturières chinoises, afin que ces dernières puissent établir des usines sur le continent.
Selon la Banque mondiale, l'intérêt croissant de la Chine pour le secteur manufacturier africain répond aux appels de longue date de ce continent, qui réclame une augmentation des investissements étrangers soutenant la création d'emplois et le transfert de technologies vers ce continent sous-développé.
Outre ce rééquilibrage industriel, le gouvernement chinois encourage également l'investissement à l'international, et les pays africains pourraient attirer ces investissements s'ils adoptent les bonnes politiques et assurent un climat d'affaires favorable, a indiqué la Banque mondiale.
LE PROCHAIN SOMMET DU FOCAC EN PERSPECTIVE
Le sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC), prévu prochainement en Afrique du Sud, devrait porter les relations sino-africaines à un niveau supérieur, selon plusieurs responsables et universitaires.
Le sommet du FOCAC aura lieu les 4 et 5 décembre au Centre de conférences de Sandton, à Johannesburg, avec pour thème "L'Afrique et la Chine progressant ensemble : une coopération gagnant-gagnant pour le développement commun".
"On estime que le sommet de Johannesburg portera les relations Afrique-Chine à un niveau supérieur qui aura un impact bénéfique et donnera un nouvel élan au programme de développement de l'Afrique", a déclaré la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Maite Nkoana-Mashabane, lors d'un point presse à Pretoria.
En tant que premier sommet du FOCAC à avoir lieu en Afrique, il devrait ouvrir de nouvelles voies de coopération et de nouvelles opportunités pour la Chine et l'Afrique.
"La plate-forme du FOCAC fournit une chance de stimuler encore davantage la croissance et de débloquer de nouvelles opportunités entre la Chine et l'Afrique dans le commerce et dans d'autres domaines", a indiqué la ministre.
Ce point de vue est partagé par Patrick Maluki, universitaire kenyan en diplomatie. Selon lui, la Chine a accéléré la coopération sino-africaine ces cinq dernières années en fournissant un soutien économique et technologique à de nombreux pays africains, dont le Kenya et l'Angola, entre autres.
Ainsi, le continent africain s'est rendu compte du r?le joué par la Chine dans le développement africain, et la plupart des gouvernements des pays africains ont confiance en la croissance socio-économique chinoise, et ils sont convaincus que la population africaine pourra bénéficier de l'émergence de la Chine.