Dernière mise à jour à 15h21 le 02/03
La réélection du président sénégalais, Macky Sall, pour un deuxième et dernier mandat, pourrait être l'amorce d'une recomposition de la classe politique sénégalaise dans les mois ou années à venir.
Le président sortant a remporté la présidentielle de dimanche dernier avec un score de 58,27% des suffrages exprimés, grace à l'apport de son parti, Alliance pour la République (APR), et de ses alliés de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).
L'élection présidentielle sénégalaise de dimanche dernier a été marquée par la présence de cinq candidats. Cette année, un filtre a été introduit pour limiter le nombre de candidats. Il s'agit du parrainage citoyen qui a permis d'écarter une vingtaine de candidatures.
Du coup, les leaders politiques recalés ont d? se ranger derrière les candidats retenus, donnant ainsi naissance à de grandes coalitions. Le président Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko ont été les grands bénéficiaires des soutiens de la part des candidats recalés.
Avec la victoire de M. Sall, la coalition BBY, qui a été créée en 2012 et comprend des partis et mouvements de peu de poids sur la scène politique, sera difficile de rester en l'état.
M. Sall ne pouvant briguer un nouveau mandat en 2024, sa succession va s'ouvrir aussi bien au sein de son parti et de coalition.
Au niveau du parti présidentiel, APR, plusieurs noms sont cités pour le remplacer. Il s'agit entre autres, du Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, de l'ancienne Premier ministre Aminata Touré, du ministre de l'Economie et des Finances Amadou Ba, du directeur de cabinet du président Me Oumar Youm. Mais, tous ces prétendants potentiels n'ont pas une assise nationale.
Du c?té des alliés de l'APR, le départ de M. Sall après son deuxième mandat pose presque le même problème de succession surtout au sein des deux grands partis, l'Alliance des forces du Progrès (AFP) et le Parti socialiste (PS). Mais les deux leaders de ces formations Ousmane Tanor Dieng (PS) et Moustapha Niasse (AFP) sont trop agés pour prétendre se présenter en 2024.
Les renouvellements des instances de ces deux partis vont permettre d'avoir une idée sur leurs ambitions.
Les mêmes problèmes touchent aussi l'opposition.
Arrivé deuxième avec 20,5% des suffrages, Idrissa Seck, qui se présentait pour la troisième fois à la présidentielle, a retrouvé une envergure nationale en capitalisant la frustration des leaders de partis recalés. Il pourrait se placer comme le nouveau patron de l'opposition, s'il arrive retenir ses alliés circonstanciels.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS) qui n'a pas eu de candidat à cette élection, dirige le groupe parlementaire le plus important de l'opposition à l'Assemblée.
Le PDS, ancien parti au pouvoir, rêve de l'amnistie de son candidat recalé, Karim Wade, le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, pour reprendre sa place dans l'échiquier électoral.
La bataille entre Idrissa Seck et le PDS sera rude pour diriger l'opposition.
Mais, le jeune député Ousmane Sonko, qui est arrivé troisième à la présidentielle, avec 15,67% des suffrages, risque de brouiller les cartes.
Révélation de la présidentielle, le candidat "antisystème" qui a fait une percée fulgurante en moins de trois ans, pourrait polariser plusieurs formations de l'opposition.
Les élections locales qui s'approchent devraient permettre de voir clair sur la recomposition de l'échiquier politique sénégalais qui ne compte pas moins de 200 partis.