Dernière mise à jour à 10h08 le 26/02
Le président nigérien Mahamadou Issoufou a invité lundi les pays du Sahel à opérer un saut dans la 3e révolution industrielle pour honorer leurs engagements pris dans leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN), pour "sauver" la planète des effets du dérèglement climatique,
Il s'exprimait à l'ouverture à Niamey de la première conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Commission climat pour la région du Sahel, laquelle a ensuite entériné un plan d'investissement climatique portant sur une enveloppe de 400 milliards de dollars pour le Sahel.
Ce sommet s'est tenu en présence notamment des présidents congolais Denis Sassou Nguesso, guinéen Alpha Condé, burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et tchadien Idriss Déby, président de la Commission climat pour le Bassin du Congo, ainsi que le vice-président soudanais Bakri Hassan Saleh, le Premier ministre malien Soumaylou Boubé Ma?ga et le ministre fran?ais de la Transition écologique et solidaire, Fran?ois de Rugy
Pour M. Issoufou, président de la Commission climat pour la région du Sahel, les pays du Sahel doivent opérer un saut historique pour entrer dans la Troisième révolution industrielle, la révolution du zéro carbone, celle des énergies renouvelables, de la transformation du parc immobilier en micro-centrales énergétiques, de la technologie de l'hydrogène et d'autres techniques de stockage d'énergie, de la technologie d'internet et des réseaux électriques intelligents".
Il a noté que s'engager dans la mise en place des énergies renouvelables était une des conditions pour que les pays de la région honorent les engagements qu'ils ont pris dans leurs CDN, lesquelles prévoient des mesures d'atténuation et d'adaptation.
Pour davantage alerter l'opinion à prendre conscience de la gravité de la situation, M. Issoufou s'est beaucoup appesanti sur certains effets du dérèglement climatique, entre autres, la très forte variabilité climatique à laquelle est soumise le Sahel.
Celle-ci se traduit par "la modification des régimes pluviométriques, l'apparition de phénomènes météorologiques extrêmes, des sécheresses récurrentes avec des effets perceptibles sur les terres agricoles (le Niger en perd 100.000 hectares par an), les paturages et la disponibilité en eau".
"Nous savons aussi que le rétrécissement du lac Tchad, dont la superficie actuelle ne représente que 10% de celle des années 60, constitue un élément de cette facture entropique qui a aussi une grave influence sur les régimes des fleuves", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, l'impact du changement climatique sur la pauvreté n'est plus à démontrer, selon le président nigérien, précisant qu'il pourrait "y faire basculer 100 millions de personnes dans le monde d'ici 2030, alors que la pollution atmosphérique, responsable de 7 millions de décès prématurés par an, entra?nera des co?ts directs de santé qui atteindraient 4 milliards de dollars par an d'ici 2030".
Enfin, le changement climatique a également un lien avec la migration et surtout le terrorisme au Sahel, a-t-il dit en citant le cas de Boko Haram né en partie "de la paupérisation des populations du fait du retrait des eaux du lac qui a eu un impact sur les ressources agricoles, pastorales et halieutiques au niveau de l'ensemble du bassin lac Tchad".