Dernière mise à jour à 09h07 le 09/08
Le président tchadien Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 26 ans, a été investi pour un cinquième mandat consécutif lundi à N'Djamena, en présence d'une quinzaine de dirigeants africains.
Le président tchadien a été réélu dès le premier tour le 10 avril par 59,92% des voix, contre 12,77% pour Saleh Kebzabo, son principal rival.
La cérémonie d'investiture s'est tenue dans un h?tel de la capitale tchadienne, sous très haute surveillance policière et de l'armée qui n'ont pas hésité à déployer de grands moyens : chars de combat et véhicules anti-émeutes pour pouvoir parer à toute éventualité.
Sous la menace terroriste, le Tchad vit aussi un climat politique incertain. Les adversaires du président, qui l'accusent d'avoir orchestré ce qu'ils appellent un "hold-up électoral" à leur détriment, promettent de rendre le pays ingouvernable.
Le Front de l'opposition nouvelle pour l'alternance et le changement (FONAC), créée fin juillet par 29 partis politiques avait annoncé une journée "ville morte" pour perturber la prestation de serment lundi.
Pour son nouveau mandat de cinq ans, sous la conduite de Nagoum Yamassoum, le président du Conseil constitutionnel entouré des autres membres de cette institution, M. Deby s'est engagé à poursuivre son travail visant la modernisation des infrastructures et la préservation de la paix et de la sécurité, "sans lesquelles toute autre ?uvre serait vaine".
"Je lance par conséquent un appel sincère à tous mes compatriotes, où qu'ils soient et dans le respect de nos différences, de conjuguer nos énergies positives dans cette ?uvre de construction d'une nation où chacun a sa place", a souligné M. Deby dans son allocution.
"Ce quinquennat, a-t-il ajouté, sera marqué du sceau de la réforme des institutions dont notre appareil judiciaire, et celle de l'administration dans toutes ses composantes."
Il a promis d'inscrire résolument son pays sur la voie de l'émergence économique. Un chantier en cours de réalisation qui, selon lui, impose "la rigueur et la transparence dans la gestion des ressources publiques à tous les niveaux, le fonctionnement efficace des services et institutions publics, la lutte implacable contre les formes de prévarications économiques et financières".
Producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad patit de la chute du prix du baril. Le gouvernement, engagé comme ses voisins, le Nigeria, le Cameroun et le Niger, dans la guerre contre le terrorisme imposée par la secte islamiste nigériane Boko Haram, est confronté à une tension de trésorerie.
Nombre des chantiers entrepris pour la modernisation des infrastructures sont à l'arrêt, faute de financements publics.
En 2015 pourtant, la tendance était à l'accélération des performances économiques, avec un taux de croissance de 7,6% du PIB, selon les estimations du Fonds monétaire international.
En plus de dix ans, l'exploitation pétrolière a généré plus de 10 milliards de dollars de recettes de l'Etat, d'après les estimations officielles. De plus de 80% de valeur dans les exportations nationales au début, cette ressource représentait finalement 20% du PIB l'année dernière.
C'est le résultat d'une politique de diversification de l'économie qui accorde aussi la priorité à l'agriculture (avec pour principaux produits le coton et le sucre) et à l'élevage.
Avec l'aide de la coopération chinoise, de nombreux projets sont réalisés, à l'exemple de la raffinerie de Djarmaya ou encore de la cimenterie de Baoré.
"Les chocs endogènes et exogènes qui ont contribué au tarissement des ressources budgétaires, tout en fragilisant notre tissu économique, ne peuvent être résorbés qu'au travers des mesures courageuses, destinées, particulièrement, à contenir le train de vie de l'Etat dans des proportions supportables pour nos finances publiques", a déclaré le président Deby Itno.
Agé de 63 ans, M. Deby avait été élu pour la première fois en 1996, puis réélu en 2001, 2006 et 2011. Président en exercice de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, il s'est vu entouré pour sa nouvelle entrée en fonction par un total de quatorze chefs d'Etat africains.