Dernière mise à jour à 09h17 le 05/02
Joseph Kokou Koffigoh, ancien Premier ministre togolais, relève des points faibles dans la lutte contre le terrorisme en Afrique et exhorte les Etats encore épargnés à rejoindre la mobilisation en cours pour éradiquer ce fléau.
Cet acteur de premier plan de la lutte pour l'ouverture démocratique au Togo dans les années 1990 et ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération s'est exprimé à ce sujet dans un récent entretien avec l'agence Xinhua.
La lutte contre le terrorisme n'est plus une affaire nationale, note cet avocat à la Cour d'appel de Lomé, également écrivain-poète, qui relève de nouvelles caractéristiques des attaques terroristes en Afrique.
A la lumière des récentes attaques terroristes contre les h?tels de luxe au Mali et au Burkina Faso ainsi que contre un site touristique en Tunisie, M. Koffigoh déduit qu'il s'agit pour les auteurs de toucher un des secteurs clé de l'économie des Etats en question, à savoir le tourisme et l'investissement de capitaux étrangers.
"Ils veulent affaiblir le plus possible les Etats qu'ils prennent pour cibles, tout en envoyant un signal aux grandes puissances impliquées dans la lutte antiterroriste, à savoir que leurs ressortissants ne sont à l'abri nulle part", explique l'ancien Premier ministre togolais.
"Il y a quelques années, quand on parlait de terrorisme, il n'y avait que la Somalie où la situation paraissait incontr?lable. Mais depuis deux ou trois ans, le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad sont affectés par la secte islamique Boko Haram", souligne-t-il.
M. Koffigoh rappelle qu'au Mali, tout est parti d'une "revendication territoriale pour déboucher sur le terrorisme aveugle et barbare", ajoutant qu'en Tunisie et au Burkina Faso, la cible semblait plut?t être les étrangers, même si les nationaux ont aussi été touchés.
A l'échelle continentale et mondiale, même les Etats qui ne sont pas encore touchés par le fléau doivent rejoindre la mobilisation qui est en cours pour éradiquer le terrorisme, estime-t-il.
Il appelle à ce que les forces de sécurité et les services de renseignement soient dotés de suffisamment de moyens pour mener la lutte contre le terrorisme, sur laquelle il relève trois points faibles.
Premièrement, les Etats n'osent pas dénoncer et sanctionner ceux d'entre eux qui financent et approvisionnent en armes les réseaux terroristes.
Deuxièmement, il dénonce l'achat de pétrole auprès de l'Etat islamique (EI) et les raisons géopolitiques qui donnent coudée franche à ceux qui achètent clandestinement ce pétrole et qui contribuent à l'alimentation du budget des terroristes.
Enfin, M. Koffigoh parle du recrutement des combattants qui s'opère, en Afrique et ailleurs, dans les couches les plus vulnérables de la société, notamment parmi les jeunes, où sévissent la misère et le ch?mage.
A son analyse, la Chine, qui fait de la promotion de la paix l'un des credo majeurs de sa politique étrangère, peut et doit jouer un grand r?le dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. C'est également dans l'intérêt de la Chine, car "elle est devenue un partenaire incontournable des Etats africains en ce qui concerne le soutien au développement", renchérit-il.
Selon Joseph Kokou Koffigoh, la Chine dispose non seulement de moyens logistiques et financiers, mais surtout d'une grande influence politique pour agir et aider au retour de la paix dans le monde et notamment en Afrique.