Dernière mise à jour à 09h58 le 15/01
Exposition des industries de l'équipement chinoise et africaine en Afrique du Sud, le 4 décembre 2015.
Les échanges socio-culturels ne sont pas oubliés
Tous les pays font face à trois missions fondamentales, à savoir la garantie de l'approvisionnement alimentaire, la création d'emplois et la garantie de la santé publique. Les pays africains ne font pas exception à cette règle. Dans la nouvelle phase de coopération qui suivra le Sommet, la Chine s'engage à aider l'Afrique à mettre en place trois éléments fondamentaux, à savoir une industrie compatible avec le développement durable, un système de sécurité alimentaire et enfin un modèle de prévention et de gestion de la santé publique. L'autre volet de la coopération consistera à aider l'Afrique à éliminer deux goulots d'étranglement qui freinent le développement du continent : le manque d'infrastructures et le manque de ressources humaines. Par ailleurs, la Chine et l'Afrique poursuivront leurs travaux qui donnent la priorité à la coopération sur l'industrialisation, l'agriculture, la santé publique, aux échanges culturels, à la paix et la sécurité.
On peut d'ores et déjà dire que le FCSA créé il y a 15 ans est un grand succès qui bénéficie à toute une série de pays. Si l'on prend l'exemple de la coopération économique avec l'éthiopie, on y constate plusieurs premières : la première autoroute à péage, le premier projet éolien, le premier rail léger reliant Addis-Abeba et le premier chemin de fer moderne. L'amélioration des infrastructures permet d'attirer des investissements étrangers, de créer un environnement favorable à la promotion de l'industrie, et donc du développement local.
Une autre caractéristique des relations sino-africaines est son souci de renforcer les liens entre les populations. Les Africains ont en général une bonne impression de la Chine, ainsi que le montre le sondage Opinion sur la Chine réalisé par le Pew Research Center en 2015, ce qui contredit certaines histoires et cas d'espèce dont la presse est friande. Les résultats du sondage sont éloquents : 80 % des personnes interrogées au Ghana affirment avoir une opinion positive de la Chine. Elles sont 75 % en éthiopie, 74 % en Tanzanie, 70 % Sénégal, au Nigeria et au Kenya et 52 % en Afrique du Sud. Cela ne signifie pas pour autant qu'il est inutile de promouvoir la compréhension mutuelle. Les rapports entre les populations constituent toujours la base de relations bilatérales durables.
Il est d'une importance cruciale d'approfondir la compréhension mutuelle pour consolider ces relations bilatérales dans tous les domaines. En préparation du FCSA, le livre intitulé 500 phrases sur la Chine, l'Afrique et les relations sino-africaines, rédigé par le secrétariat du Comité de suivi chinois du FCSA, a été publié en septembre 2015, une tentative de contribuer au renforcement de la compréhension mutuelle et à l'inspiration réciproque entre jeunes chinois et africains.
Relever ensemble les défis
La coopération sino-africaine fait face à de sérieux défis : comment réaliser les objectifs du développement vert sur le continent africain riche en ressources naturelles ? Comment rendre plus efficace le mécanisme de dialogue dans la coopération sino-africaine ? Comment promouvoir davantage, à travers la plate-forme qu'est le FCSA, la compréhension mutuelle entre la Chine et l'Afrique et faire de sorte que les peuples des différents pays du monde connaissent mieux le FCSA ?
Comment coordonner ses relations avec les différents pays africains, avec l'Union africaine, ainsi qu'avec les organisations sub-régionales, tels sont les défis auxquels la Chine doit faire face. Il est important, dans la coopération industrielle avec l'Afrique, de renforcer le contr?le de la qualité en matière de développement durable et de protection de l'environnement. Le but n'est pas de délocaliser les industries polluantes en Afrique. Et l'Afrique de son c?té doit participer plus activement à l'élaboration du programme stratégique de la coopération sino-africaine. La Chine et l'Afrique devront multiplier les contacts entre les populations, car mettre l'accent uniquement sur la diplomatie et les sommets n'est pas suffisant. Le plus important, c'est que les deux parties doivent, en plus de leur coopération sur le plan matériel du FCSA, valoriser l'enthousiasme des forces sociales pour qu'elles prennent part à la coopération sino-africaine. Les entrepreneurs fortement impliqués dans les relations sino-africaines, par exemple, doivent jouer un r?le plus important dans le FCSA, ainsi que d'autres forces sociales, comme les femmes, les jeunes et les représentants de différents milieux de la société.
L'égalité est depuis toujours dans l'histoire humaine l'un des objectifs principaux des différents mouvements sociaux. Elle représente également une partie fondamentale de la Constitution de presque tous les pays du monde. Pourtant, la politique internationale insiste rarement sur cette notion, et on voit que la loi du plus fort est la règle dans la politique mondiale. Le FCSA doit contribuer, avec d'autres forces internationales, à améliorer cette politique asymétrique et ?uvrer à l'élaboration de règles nouvelles concernant les questions internationales.
Ce Sommet du FCSA ne manquera pas de créer de nouvelles opportunités pour le développement aussi bien de la Chine que de l'Afrique. Le réajustement de la structure industrielle de la Chine offre des opportunités à la montée en gamme de l'industrie africaine. J'écrivais, dans mon article intitulé Sur les relations sino-africaines dans le contexte de l'émergence de la Chine publié dans la revue économie et politique mondiales (n°11, année 2006) : ? L'Afrique a besoin de la Chine et la Chine a encore plus besoin de l'Afrique. ? Un point de vue justifié par les faits, accepté tant par les officiels des gouvernements que les milieux académiques. Mais aujourd'hui, j'ajouterai les mots suivants : ? L'industrialisation de l'Afrique a besoin de l'aide chinoise, le progrès de la Chine ne peut se passer de l'Afrique. Une coopération stratégique qui illustre à la fois l'idée de ? communauté de destin ? dans les relations sino-africaines et un nouveau modèle de coopération Sud-Sud.
*LI ANSHAN est directeur du Centre de recherches sur l'Afrique de l'Université de Beijing.