Dernière mise à jour à 09h14 le 12/01
Le projet du président sénégalais Macky Sall de réduire son propre mandat de sept à cinq ans continue de susciter la polémique au sein de la classe politique sénégalaise.
Devant les soup?ons de ses opposants qui interprètent ses dernières déclarations comme une volonté de se dédire, le chef de l'Etat sénégalais a haussé le ton.
"J'ai été élu démocratiquement. Je n'ai pas utilisé les armes pour accéder au pouvoir. Je n'ai ni volé, ni triché pour avoir ce mandat. Ce sont les Sénégalais eux-mêmes qui ont voté pour moi. Ceux qui essaient de me mettre les batons dans les roues se trompent", a-t-il martelé.
Le président Sall, qui était en déplacement samedi dernier à Louga (centre), a ajouté : "C'est moi qui ai pris la décision d'engager des réformes car si l'on dure au pouvoir, on a tendance à croire que le pays nous appartient. C'est pourquoi, j'ai décidé de faire deux mandats".
Il a ajouté : "J'ai agi de mon propre gré. Les gens vont très vite en besogne. Ils anticipent sur les choses. Quand, j'évoque les modalités relatives à la réduction de mon mandat, certains se mettent à émettre des jugements".
Ces jugements sont émis non seulement par les opposants, mais aussi par ses partisans qui restent favorables au maintien du mandat présidentiel à sept ans et se proposent même de voter non à un éventuel référendum.
"Je me suis engagé personnellement à réduire mon mandat, maintenant, il faut laisser le soin aux personnes autorisées à se prononcer sur la faisabilité de cet engagement", a dit Macky Sall, faisant allusion à son recours à la cour constitutionnelle sur l'organisation d'un référendum pour réviser la constitution.
Dans une longue interview, parue dans le quotidien privé sénégalais "Le Populaire", le leader du Mouvement pour la Démocratie et la République (MRD), l'ancien ministre Pape Diouf, déclare faire confiance au président de la République pour le respect de son engagement.
"Pour ce qui est du débat sur la réduction du mandat présidentiel, le MDR s'était prononcé pour marquer son soutien au président de la République dans sa volonté affichée de respecter son engagement pris et réitéré en maintes occasions", a indiqué M. Diouf.
Il a ajouté: "Nous n'avons aucune raison de douter de sa parole. C'est la promesse d'un candidat à la présidentielle, puis l'engagement du président de la République. A ce niveau de responsabilité première d'un pays, on ne joue pas avec sa parole".
Face à l'ardeur du débat sur la question, il a estimé que la Constitution de son pays doit être stabilisée pour ne pas être à la merci des contingences politiques.
"C'est pourquoi, je demande qu'on se donne le temps qu'il faut avec nos juristes pour batir un texte susceptible de garantir une stabilité. Dans les grandes démocraties, comme la France, les Etats-Unis, on ne modifie pas les Constitutions aussi facilement que dans nos pays", a expliqué Pape Diouf.
"Je comprends l'empressement de certains qui croient que c'est l'occasion rêvée d'accéder au pouvoir en cas de réduction du mandat. Il est loisible à chacun de rêver, mais le réveil peut être pénible", a-t-il ajouté.
En cas de réduction du mandat, l'élection présidentielle devrait avoir lieu en 2017 et non en 2019.
Pour sa part, Babacar Guèye, professeur de Droit à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar pense que le président doit respecter sa promesse de réduire son mandat de sept à cinq ans pour la stabilité dans son pays.
Si le président de la République ne réduit pas son mandat, il y a aura une guérilla dans ce pays entre lui et ses opposants. La paix et la stabilité dépendent entièrement de lui. Il n'a qu'à respecter l'engagement qu'il a pris devant le peuple, car, il s'agit d'un engagement fort lors de sa campagne électorale", a-t-il soutenu lors de la rentrée de l'Ecole du Parti socialiste (PS, majorité présidentielle).
"Alors, s'il souhaite maintenir la stabilité dans ce pays, il n'a qu'à respecter sa parole. Si le président réduit, il aura de fortes chances de reconquérir le pouvoir. Par contre, s'il se dédit, il risque d'occasionner de vives tensions qui risquent de lui être préjudiciables", a-t-il conclu.