Dernière mise à jour à 09h07 le 04/12
Les pays africains réunis au sein du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA, ou FOCAC en anglais), qui célèbre cette année ses 15 ans d'activité, ont salué à l'unanimité jeudi à Pretoria en Afrique du Sud, à l'occasion d'une conférence ministérielle à laquelle ont pris part plus d'une quarantaine de dirigeants du continent, la relation marquée par un partenariat "efficace" et "flexible" avec la Chine.
"Pour l'Afrique d'une manière générale, si nous regardons un peu en arrière les 15 ans de coopération Chine-Afrique, nous ne pouvons que tirer un bilan positif, les engagements pris de part et d'autre ont été remplis", a souligné dans un entretien à Xinhua, Aichatou Boulama Kané, ministre nigérienne des Affaires étrangères, de la Coopération, de l'Intégration africaine et des Nigériens de l'extérieur.
Prélude au sommet de Johannesburg, le premier en Afrique, prévu vendredi et samedi, en présence du président chinois Xi Jinping, la sixième réunion ministérielle du FCSA s'est tenue dans la capitale sud-africaine, sous le thème "la Chine et l'Afrique avancent ensemble : coopération gagnant-gagnant pour un développement commun".
Ces assises, ouvertes par la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Maite Nkoana-Mashabane, et le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, ont approuvé les projets d'une déclaration politique et d'un plan d'action triennal 2016-2018, qui restent à être entérinés par les chefs d'Etat et de gouvernement pour servir de nouveau cadre de référence pour cette relation.
De l'avis du ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération, Hamadi Meimou, "à en juger par le volume des échanges commerciaux, c'est déjà un partenariat qui se situe à un niveau très élevé, parce qu'il s'agit de 300 milliards de dollars pour 2015, on en était à 220 milliards en 2014. Donc, le volume est très important".
"Il y a également, a-t-il ajouté à Xinhua, les investissements qui le sont, qui montent à 30 milliards, et les investissements africains en Chine se montant à 15 milliards. Bien s?r, il y a des interventions dans les divers secteurs, l'agriculture, l'industrie, les infrastructures, l'éducation, la santé, divers secteurs qui connaissent également des avancées significatives grace à ce partenariat".
Pour cette raison, la Chine a ravi à l'Union européenne (UE) la place de premier partenaire commercial de l'Afrique. "Depuis 2000, on a assisté à un développement exponentiel de la coopération entre la Chine et l'Afrique dans tous les domaines", renchérit le ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Mankeur Ndiaye.
Le ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l'Intégration africaine, le professeur Robert Dussey, a indiqué que "nos partenaires chinois sont très flexibles".
"D'abord, ils ne nous donnent pas de le?ons, ils comprennent nos réalités, nous comprenons leurs réalités. Nous parlons le même langage, pays du Tiers-Monde qui vont vers le développement", a-t-il souligné.
"Et ils ne se mêlent pas des affaires politiques [de leurs partenaires], poursuit-il, ils viennent pour nous aider à transformer nos pays, à faire de nos pays des pays émergents. Nous sommes fiers de travailler avec eux dans ce sens".
"La Chine est un pays qui a des liens historiques avec l'Afrique, mais qui a un modèle de coopération assez particulier, qui tient compte des priorités des pays, qui montre aussi beaucoup de respect pour nos pays", se réjouit aussi la ministre rwandaise des Affaires étrangères et du Développement international, Louise Mushikiwabo.
Les pays membres du FCSA expriment leur satisfaction face aux réalisations émanant de ce partenariat appelé, selon eux, à se renforcer davantage au cours des prochaines années où, en plus des domaines traditionnels formés de la santé, des infrastructures, de l'agriculture, de l'éducation, l'accent sera mis aussi sur l'industrialisation puis la paix et la sécurité.
"Tous les participants à ce forum ont salué l'exemplarité de la coopération chinoise qui est une coopération gagnant-gagnant, une coopération désintéressée, qui prend en compte les préoccupations africaines et qui part justement des préoccupations africaines. Ce sont les pays mêmes qui définissent leurs priorités. En tout cas, la Chine se fait le plaisir de suivre", a confirmé Mankeur Ndiaye.
"La Chine peut aider l'Afrique à décoller sur le plan industriel, parce que l'Afrique regorge de ressources de plusieurs sortes, en particulier l'énergie pour laquelle nous avons des problèmes en Afrique. Etant donné que notre production est insuffisante, nous pourrons nous tourner résolument vers ce qu'on appelle l'énergie propre, c'est-à-dire l'énergie renouvelable", estime de son c?té le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération.
Selon lui, "de ce point de vue, la Chine a une très grande expérience. En matière d'industrie, nous pensons qu'elle pourra aider l'Afrique à transformer ses matières premières en produits finis et donc créer de la valeur ajoutée, des emplois pour lutter contre la pauvreté et améliorer les performances qui déjà depuis une décennie sont enregistrées au niveau de plusieurs pays africains : on est à une croissance à deux chiffres dans certains pays africains".
C'est une préoccupation partagée par le ministre béninois de l'Industrie et du Commerce, Ibrahim Kombiéni, qui insiste qu'"aucun pays ne peut se développer dans ce monde sans le développement de l'industrie. Pendant longtemps, depuis les indépendances, on évolue à petits pas. Aujourd'hui nos nouveaux partenaires sont les Chinois, qui sont prêts à apporter un coup de main, surtout cette coopération gagnant-gagnant".