Après l'échec de l'initiative du Premier ministre démissionnaire Hamadi Jebali et un dialogue national convoqué l'automne dernier par l'Union générale tunisienne du Travail (centrale syndicale) et désormais en "standby", le chef d'Etat tunisien Moncef Marzouki a tenté sa chance pour regrouper les différentes fractions politiques de son pays autour d' un consensus sur les dossiers prioritaires partant de l'établissement de l'ordre, l'élaboration la Constitution jusqu' à l'organisation des élections. Toutefois, l'initiative de M. Marzouki n'a pas été appréciée par une partie de l'opposition.
LE PROLONGEMENT DE LA TRANSITION MET EN PERIL LA STABILITE DU PAYS
Le président Marzouki et le Chef du gouvernement Ali Laarayedh ont entamé lundi des pourparlers avec les partis représentés dans l' Assemblée constituante dans la perspective de toucher un consensus sur l' importance de finir la période transitoire en finalisant la rédaction de la Constitution et tenir les élections avant fin 2013 outre la lutte contre la dégradation de la violence à travers le pays aggravée par le trafic d' armes, la contrebande et l' amplification de l' extrémisme religieux.
"Le prolongement de la période transitoire est le facteur qui met le plus en péril la stabilité de la Tunisie", a averti le président Marzouki à l' inauguration des assises des pourparlers. Selon lui, il est "impératif de décrisper la situation en réduisant la tension politique qui est imputée aux rumeurs et aux campagnes de désinformation et de vindicte".
Outre les partis de la Tro?ka (coalition tripartite au pouvoir), le dialogue lancé par le président Marzouki a regroupé des partis de l' opposition dont le Parti Républicain, l' Alliance démocratique, Appel de Tunisien et l' Initiative.
"Il a été convenu de reprendre le dialogue mercredi sur cette initiative qui avait été précédée de dialogues informels entre un certain nombre de partis", d' après la secrétaire générale du Parti républicain Maya Jéribi. Elle a fait savoir que "les concertations ont vocation à faciliter les travaux de la Constituante et non pas à s' y substituer".
Les partis présents, toujours selon Mme Jéribi, "tiennent à la corrélation entre les divers maillons du dialogue national y compris l' initiative de l' UGTT qui reste une partie prenante de ces concertations".
Représentant le Congrès pour la République (parti du président Marzouki), Aziz Krichen a explicité que l' objectif est de "faire sortir le pays de l' état de tension dans lequel il se trouve et d' assurer le succès de la période restante de l' étape transitoire".
L'INITIATIVE DU CHEF DE L'ETAT INCITE A LA DIVISION (OPPOSITION)
Bon nombre de partis de l' opposition tunisienne ont affiché leur refus à l' initiative conjointe des deux présidences (République et gouvernement). Il s' agit entre autres du mouvement "Wafa" (Fidélité), le Parti des Patriotes démocrates unifié, la Pétition populaire et la Voie démocratique et sociale.
Porte-parole du mouvement "Wafa" Slim Boukhdhir a estimé que cette initiative "vise à créer une instance parallèle à la Constituante qui reste l' unique espace légitime pour l' examen du calendrier des élections et différentes échéances".
Pour le Parti des Patriotes démocrates unifié, "le président Marzouki est mal placé pour lancer cette initiative d' autant plus qu' il a coopéré avec des parties qui menacent le processus de transition démocratique et la stabilité du pays", comme l' a affirmé l' un des dirigeants de ce parti faisant allusion aux Ligues de protections de la révolution (association pro-islamistes officialisées après la révolution du 14 janvier 2011).
D' un autre c?té, les comportements du chef d' Etat tunisien et du Premier ministre ont été qualifiés de "partisans et étriqués" par le fondateur de la Pétition populaire Hechmi Hamdi résident à Londres. Ce dernier s' est intervenu dans la presse locale pour nier l' invitation officielle de son parti à cette initiative.
L' usage des termes "dialogue national" pour décrire ce qui se passe au palais présidentiel de Carthage (banlieue nord de Tunis) "est une désinformation d' autant plus qu' il s' agit d' une initiative de diviser l' unité nationale", d' après un communiqué du fondateur de la Pétition populaire.
Pour sa part, la Voie démocratique et sociale a confirmé ne pas être concernée préalablement par ce dialogue national. "La multiplication de telles initiatives pourrait disperser les énergies et conduire à des actes inefficaces", lit-on dans une déclaration officielle de ce parti.
Députée de la Voie démocratique et sociale, Mme Selma Baccar a expliqué le boycott du dialogue national par l' engagement de son parti dans la pression contre le président de la République tunisienne traduite par la motion de destitution déposée à son encontre en plus du refus catégorique des déclarations récentes de M. Marzouki à Qatar où il a attaqué l' opposition.