Dernière mise à jour à 13h37 le 01/09
Selon une étude publiée lundi, seuls des efforts énergiques pour freiner le réchauffement climatique couplé à une refonte des campagnes, notamment en Grande-Bretagne, permettront de sauver de nombreuses espèces indigènes de papillon. ? Une extinction généralisée de la population de papillons sensibles à la sécheresse pourrait se produire dès 2050 ?, ont rapporté des scientifiques dans la revue Nature Climate Change. Ils avertissent que, dans le cas d'un scénario d'émissions continues de gaz à effet de serre qui ne changerait pas, les chances que certaines espèces des ?les britanniques aillent bien au-delà de la moitié de ce siècle sont ? autour de zéro ?.
La protection des zones de nature sauvage -et la réduction de la fragmentation des habitats naturels en particulier- donneraient néanmoins à certaines de ces créatures diaphanes au moins une mince chance de survie. Selon les chercheurs, ces mesures combinées avec un réchauffement climatique maximal de 2 degrés Celsius pourraient augmenter leurs chances à environ 50%. L'objectif des deux degrés, établi par rapport à l'époque préindustrielle, a été adopté par le forum des 195 nations de l'ONU chargé de conclure un pacte pouvant sauver le climatique à Paris en décembre.
Nulle part ailleurs qu'en Grande-Bretagne, peut-être, les papillons ont été plus intensément étudiés au cours du siècle dernier. Et ce n'est pas seulement pour leurs belles couleurs : ils jouent un r?le essentiel dans l'équilibre de la nature, notamment dans la pollinisation des végétaux, mais en vingt ans, un papillon sur deux a disparu en Europe. Des scientifiques dirigés par Tom Oliver du Centre de l'Ecologie et de l'hydrologie NERC de Grande-Bretagne ont examiné certaines des données provenant de 129 sites pour voir comment 28 espèces ont réagi à une grave sécheresse en 1995. Et il s'avère que les épisodes occasionnels de sécheresse étaient au moins aussi dévastateurs pour certaines espèces que la hausse progressive des températures.
Ils ont découvert que pour plus d'un cinquième des espèces, la population a subi des effondrements majeurs durant cette période. Mais les chercheurs ont également découvert un lien direct entre le paysage et la récupération des espèces : plus fragmenté est leur habitat, plus il faut de temps aux populations pour reprendre. Dans d'autres pays avec un haut degré d'agriculture industrielle, les papillons qui font face à des scénarios de changement climatique semblables peuvent aussi être en danger. La signification des résultats va au-delà de la beauté intrinsèque de papillons et de leur valeur en tant que partie du patrimoine naturel de la Terre. Les papillons sont en effet souvent utilisés comme un indicateur du type ? canari dans la mine de charbon ? pour d'autres types d'insectes. Si la sécheresse aggravée par le réchauffement a un impact similaire sur d'autres espèces comme les abeilles, les libellules et les coléoptères, dit Tom Oliver, une partie importante de notre biodiversité pourrait être menacée.